Faustin Twagiramungu

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

«L’enjeu est historique… Je me sens interpellé par celles et ceux qui ont connu ou connaissent mon combat politique au Rwanda, et par tous ceux qui, d’une façon générale, aiment la démocratie, la liberté, et souhaitent un changement de politique et de leadership, raisons pour lesquelles je me présente à ces élections. » C’est de Bruxelles
que Faustin Twagiramungu, ex premier ministre, a annoncé, début janvier, sa décision
de concourir à l’élection présidentielle rwandaise, prévue pour le mois de novembre prochain. Le probable affrontement entre l’ancien Premier ministre et l’actuel chef
de l’État Paul Kagamé promet d’être sulfureux. Dans son programme politique, Twagiramungu ne se prive pas de dire tout le mal qu’il pense du pouvoir de Kigali : « Le peuple rwandais a été déçu par le FPR. Celui-ci avait promis une démocratie, qui a vite tourné en dictature. »

Twagiramungu, 57 ans, est hutu, originaire de Cyangugu, au sud ouest du pays. Mais il est surtout « une pièce à conviction en soi, un morceau d’histoire », à en croire l’avocat qui le citait comme témoin devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le 4 février 2002. Ancien président du MDR, parti d’opposition au régime de Juvénal Habyarimana, il avait été désigné par les accords de paix d’Arusha, signés en août 1993, pour devenir le Premier ministre du « gouvernement de transition à base élargie ». Mais la mise en place de ce gouvernement sera maintes fois reportée, et Twagiramungu devra attendre le 19 juillet 1994, au lendemain du génocide et à l’issue de la victoire militaire du FPR. Il prendra alors la tête d’une équipe déjà dominée par la forte personnalité de Paul Kagamé, ministre de la Défense et vice-président.

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S’il est qualifié de « Morceau d’histoire », c’est parce que, parent par alliance du premier président du pays Grégoire Kayibanda, il a vécu de près le génocide et son épilogue. Le 6 avril 1994, l’avion du président Habyarimana est abattu. Le 7 avril au matin, Twagiramungu se réfugie chez les Casques bleus de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar). « Les génocidaires n’ont pas tué seulement les Tutsis », insistera-t-il à propos des massacres perpétrés jusqu’en juillet 1994. Estampillé Hutu modéré il a été exclu de son parti par l’aile radicale, le « Hutu
Power », en juillet 1993 , Twagiramungu n’aura que peu de pouvoir comme Premier ministre de transition. Dénonçant les dérives du nouveau régime FPR, il démissionne le 28 août 1995 et, craignant pour sa vie, s’installe en Belgique. Pour la présidentielle, Faustin
Twagiramungu entend « se positionner sur le terrain de la politique nationale » après sept années passées à animer l’opposition en exil. Reste à savoir quel accueil lui réservera Kigali.

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