Espérance de vie

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Si vous le voulez bien, je ne vous parlerai, cette semaine, ici, ni de l’Irak ni du Moyen-Orient. Ni de guerre ni d’attentats.
J’aimerais plutôt partager avec vous des informations qui m’ont paru appeler notre réflexion sur l’évolution de la femme par rapport à l’homme au cours des trois dernières décennies.
En ce début de siècle, la femme se libère, lentement mais sûrement, de sa dépendance millénaire, rattrape son retard sur l’homme et, dans beaucoup de domaines, marque sa suprématie.
Nous savons tous, d’autre part, que la femme avait déjà sur l’homme un avantage : elle vit plus longtemps que lui. À sa naissance et à 65 ans, elle a une espérance de vie plus longue de quelque cinq à sept ans, de sorte que, dans le monde, il y a quatre ou cinq fois plus de veuves que de veufs…
Les savants ont toujours pensé que cette disparité tenait à des raisons génétiques, auxquelles s’ajoutent des facteurs liés au mode de vie et à la répartition des rôles entre hommes et femmes.
Ils viennent d’en avoir confirmation en observant un fait nouveau et étonnant : dans les pays développés, les femmes sont en train de perdre une partie de ce différentiel de longévité qu’elles avaient par rapport aux hommes.
Grâce aux progrès de la médecine, à l’amélioration des systèmes de santé et à l’attention que les gens portent à l’entretien de leur corps, l’espérance de vie augmente dans (presque) tous les pays du monde et dépasse 80 ans dans la partie du monde la plus développée.
Le fait nouveau, observé sur vingt-cinq ans dans vingt et un pays développés, est que désormais elle augmente moins vite pour les femmes, au point qu’on en arrive à se demander si les hommes ne vont pas finir par rattraper leurs douces moitiés et vivre aussi vieux qu’elles
Un sociologue de l’Université du Colorado, aux États-Unis, Fred C. Pampel (cité par Business Week), a étudié le phénomène et lui a trouvé l’explication suivante, qui emporte mon adhésion.
S’étant mises à travailler, en usine ou au bureau, et à vivre comme les hommes, les femmes sont de plus en plus nombreuses (elles visent la parité) à s’exposer aux risques du travail (hors domicile) sur la santé, en particulier le stress.
Mais, plus grave pour la santé est la cigarette ; apanage des hommes pendant les premières décennies du XXe siècle, elle en tuait beaucoup par le cancer du poumon et épargnait les femmes, qui n’y sont venues, dans les pays développés, que progressivement, à partir de 1970 ou 1975.
C’est précisément à partir de cette dernière date que la mortalité des femmes a augmenté, ou bien a vu sa diminution se ralentir, et que l’espérance de vie des femmes s’est mise à progresser moins vite que celle des hommes (une proportion de plus en plus grande de ces derniers s’était résolue à cesser de fumer)
Fred C. Pampel estime que le facteur cigarette est déterminant dans cette évolution : lorsque les femmes et les hommes seront égaux devant ce poison, soit qu’ils s’y adonnent, soit qu’ils le refusent de la même manière et dans la même proportion, la femme, même si elle a conquis, par ailleurs, la parité avec l’homme, retrouvera son différentiel positif d’espérance de vie.
Et, sur terre, de nouveau, il y aura quatre à cinq fois plus de veuves que de veufs.

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