Algérie : retour sur les dernières heures d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir

Il y a un an jour pour jour, le 2 avril 2019, Abdelaziz Bouteflika était contraint par l’état-major de l’armée de remettre sa démission. Dans son livre « Bouteflika. L’histoire secrète », notre collaborateur Farid Alilat a enquêté sur ces derniers jours historiques. Récit.

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lors du 17e sommet de l’Union africaine en 2011 à Malabo. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lors du 17e sommet de l’Union africaine en 2011 à Malabo. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 2 avril 2020 Lecture : 7 minutes.

Jusqu’à ce soir du 2 avril, Bouteflika et sa fratrie, son frère cadet Saïd en particulier, ont cru qu’il était possible de s’accrocher au fauteuil. À condition d’écarter Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, jadis soutien indéfectible du président… avant de devenir son principal détracteur.

C’est lui, qui dans une déclaration lue à la télévision publique, somme le président, au pouvoir depuis 1999, de démissioner. Le raïs de 82 ans est contraint à la capitulation. Voici le récit des derniers jours de Bouteflika, lequel, un an plus tard, vit encore néanmoins dans la résidence médicalisée de Zéralda, littoral ouest d’Alger, entouré de sa sœur et de son équipe médicale.

Samedi 30 mars. Le général Mohamed Médiene, dit « Toufik », ex-patron du Département du renseignement et de la sécurité (le DRS, dissous en 2016) arrive à la villa de l’ancien président Liamine Zéroual. La veille, « Toufik » lui avait demandé de rentrer sur Alger pour rencontrer de vieux amis. Première surprise de l’ancien chef de l’État : son hôte débarque seul alors qu’il était question d’une entrevue avec les « anciens compagnons ».

« Toufik » évoque la situation du pays, la révolution de rue et des tentatives de manipulation des manifestants quand le téléphone sonne dans le vestibule. Le fils de Zéroual, qui se trouvait dans une autre pièce, décroche. Au bout du fil, Saïd Bouteflika réclame « Toufik ». Le frère cadet du président, cheville ouvrière de la famille, s’impatiente des résultats de cette rencontre. Zéroual est profondément gêné par l’intrusion de ce puissant frère conseiller dans cette discrète entrevue. L’ancien président subodore un coup tordu. Ses soupçons se confirment lorsqu’il entend « Toufik » dire à son interlocuteur qu’il n’y « aura pas de communiqué commun pour le moment ».

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