Carlos Lopes : « L’Afrique pourrait sortir de cette crise si elle recevait 200 milliards de dollars »
L’économiste bissau-guinéen analyse la crise sanitaire et ses conséquences à l’échelle du continent. Craignant que l’Afrique soit la grande oubliée des mesures préconisées par les institutions internationales et les grandes puissances, il salue néanmoins leur retour à un certain interventionnisme.
Ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes enseigne actuellement à l’Université du Cap et à Sciences-Po Paris. Il est également le haut représentant de l’Union africaine dans le cadre des négociations pour de nouveaux accords avec l’Union européenne, qui doivent succéder à ceux de Cotonou. Pour Jeune Afrique, il livre son analyse sur les conséquences économiques de la crise du coronavirus et les mesures de soutien prises par les institutions financières.
Jeune Afrique : La crise du coronavirus est un cataclysme pour toutes les économies mondiales. Comment va-t-elle se répercuter sur les économies africaines ?
Carlos Lopes : Le pic de contamination n’est pas encore atteint en Afrique. Mais, d’un point de vue économique, c’est comme si l’on était déjà les deux pieds dedans ! Car l’activité industrielle s’est complètement arrêtée dans les pays avec les chaînes de valeur les plus importantes. La demande en matières premières connaît une réduction drastique. Or trente-cinq pays africains figurent dans la catégorie des pays qui en sont hautement dépendants. La consommation interne, qui constitue les deux tiers de la croissance africaine, a été brutalement réduite. Mais il y avait déjà des signaux préoccupants avant l’arrivée de ce fléau, que cette crise vient renforcer.
En raison de l’endettement des pays africains ?
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