Deux ouvrages pour enfants à lire à voix haute en temps de confinement
Alors que près de 3,9 milliards de personnes sont obligées ou appelées à rester chez elles à cause de la pandémie de Covid-19, Jeune Afrique vous propose de découvrir deux livres jeunesse parus en janvier 2020.
Quand le monde devient inquiétant pour les adultes comme pour les enfants, il existe un moyen simple de s’évader et de penser à autre chose : la lecture à voix haute. C’est, au moins, la garantie d’un bon moment passé en famille, un peu à l’écart des soucis.
Parmi les derniers livres parus en français avant que les éditeurs mettent un bémol à leurs activités, deux ont particulièrement attiré notre attention. En espérant que vous puissiez vous les procurer, n’hésitez pas à vous aventurer avec vos enfants ou petits-enfants entre leurs pages colorées.
• Le Chemin de Jada, de Laura Nsafou et Barbara Brun, Cambourakis, 32 pages, 14 euros
Écrite par la militante afro-féministe Laura Nsafou – alias Mrs Roots – et illustrée par Barbara Brun, l’histoire des jumelles Iris et Jada séduit d’abord par la qualité des dessins : équilibre des couleurs, originalité des compositions, maîtrise des tons sombres… L’histoire, classique, a pour point de départ une légère différence d’épiderme. Si les jumelles sont identiques sur bien des points, personne ne les regarde de la même manière. « Les mêmes yeux de chat, le même nez rond, les mêmes longues nattes, le même médaillon… Le seul détail qui les distinguait, c’était la couleur de leur peau. » Ainsi Iris est « aussi claire que l’acacia », « dorée comme la brioche », tandis que Jada est « aussi foncée que le cacao ».
On l’aura compris, la peau sombre de Jada est « vue comme un défaut » et lui vaut moqueries et méchancetés : « petit corbeau », « enfant de la nuit », « charbon »… En matière de cruauté, les hommes ne manquent pas d’imagination. Un jour, lors d’une partie de cache-cache, Jada s’aventure dans la nuit à la recherche d’un village où une peau foncée susciterait l’admiration. Ne la trouvant plus, sa jumelle Iris part à sa recherche, interrogeant la lune comme le soleil… En vain. On n’en dira pas plus, sinon qu’à la fin la morale est sauve !
• Le taxi d’Imani, de Thierry Lenain et Olivier Balez, Albin Michel Jeunesse, 48 pages, 14,90 euros
Voilà ce qu’on appelle un véritable conte de fées ! Dès la couverture, Le Taxi d’Imani se signale par son graphisme simple, efficace et coloré. Dans des tons où dominent les ocres et les bleus, Olivier Balez procède par à-plats de couleurs unies, évitant toute caricature pour donner à voir l’animation de Libreville, capitale du Gabon, où Imani est chauffeure de taxi.
Une femme au volant d’un taxi, ce n’est pas commun, et il faut reconnaître aux auteurs un certain talent pour casser les clichés, en douceur et l’air de rien. Évidemment, la vie n’est pas facile pour Imani, immigrée au Gabon loin de son chéri. Mais point de misérabilisme dans ce texte : Imani conduit et chante à bord de son taxi, baptisé « Après l’attente… le bonheur », devise chère à son père mécanicien. Et elle conduit des personnages aussi différents qu’une chercheuse en médecine spécialiste du paludisme, des élèves de l’école Nelson-Mandela, un touriste français et, un beau jour, la star du soukouss Oko Doffi ! Quelques péripéties plus tard, l’histoire devient conte… que nous ne vous conterons pas ici. Et sur le blog de Thierry Lenain, les fans pourront écouter la chanson d’Imani.
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