Blair l’illusionniste

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre britannique Tony Blair fait beaucoup de bruit ces temps-ci pour justifier son alignement sur le président américain George W. Bush dans sa politique irakienne. Que de reniements, pourtant, de sa part ! Qui ne se souvient de ses déclarations péremptoires sur la nécessité d’une approbation des Nations unies à toute offensive contre l’Irak avant d’y engager finalement son armée sur la seule décision américaine ?
Il parle abondamment aujourd’hui du nécessaire partenariat entre l’Europe et les États-Unis. On peut souscrire à un principe qui, dans l’ensemble, a bien fonctionné après la Seconde Guerre mondiale et durant la guerre froide, et remarquer que, dans les faits, les autorités de Washington pratiquent une politique unilatérale depuis l’effondrement de l’Union soviétique.
Après avoir durablement soutenu les efforts d’unification de l’Europe, elles s’emploient désormais à les contrarier, reprenant à leur compte la politique traditionnelle britannique à l’égard du continent : encourager ce qui divise pour influencer plus facilement. Les dirigeants français et allemands n’ont certes pas fait preuve de doigté et d’habileté vis-à-vis de leurs partenaires continentaux et portent une part de responsabilité dans la cacophonie que l’on a constatée. Mais Blair s’est comporté en auxiliaire de Washington en semant la zizanie.
Il s’est voulu intermédiaire entre les deux rives de l’Atlantique, mais son parcours a été à sens unique : il s’est purement et simplement aligné sur les positions de l’administration américaine pour se faire dire, par la voix du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, que l’on pouvait se passer de lui.
N’oublions pas, d’ailleurs, que ses amitiés démocrates lui ont valu, un temps, l’inimitié de Bush et qu’il s’est livré à beaucoup de contorsions pour gagner sa faveur.
Blair a du savoir-faire mais, si tant est qu’il ait des principes et des convictions, comme il l’affirme volontiers, il a démontré qu’il pouvait en changer aisément. L’on peut souhaiter, dans leur intérêt respectif et dans celui bien compris du monde, que l’Union européenne et les États-Unis oeuvrent de concert à la solution des graves problèmes de notre époque. C’est parler dans le vide que de le rappeler aux Européens à un moment où, malheureusement, ils sont ignorés, si ce n’est méprisés, par les dirigeants américains.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires