Bardot, le mythe mité

Tissu d’inepties et de grossièretés, le dernier livre de l’ex-star pourrait valoir à son auteur un procès pour propos racistes et discriminatoires.

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 1 minute.

Brigitte Bardot a encore frappé. Dans la lignée de la production intellectuelle de l’ancienne actrice depuis son retrait de la vie publique, il y a trente ans, Un cri dans le silence, paru aux éditions du Rocher, constitue un tissu d’inepties et de grossièretés.
On le savait déjà : BB n’aime pas les musulmans, auxquels elle reproche, entre autres, les abattages rituels de moutons. Elle ne peut donc que dénoncer « l’islamisation de la France ». Mais elle n’a pas de sympathie particulière pour les chômeurs, qu’elle qualifie de « profiteurs paresseux planqués », et encore moins pour les sans-papiers qui, d’après elle, « transforment les églises en porcheries humaines ». Sans parler des homosexuels (des « phénomènes de foire »), qu’elle n’hésite pas à associer aux pédophiles.
Les éditeurs, qui ne s’embarrassent pas toujours de précautions, ne s’y sont pas trompés. Grasset, où l’ex-star a publié ses deux précédents ouvrages (Initiales BB en 1996 et Le Carré de Pluton en 1999), avait refusé le manuscrit, de même qu’Albin Michel.
Les associations des droits de l’homme sont divisées sur l’attitude à adopter. « Porter plainte n’est pas la bonne méthode », estime Malek Boutih, président de SOS-Racisme, qui juge préférable d’ignorer un tel « personnage ». Même sentiment du côté de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme). Pour Richard Serero, son vice-président, « ce livre est une infamie. Mais qu’elle [Brigitte Bardot] ne compte pas sur nous pour lui faire de la publicité dans un tribunal ». D’autres organisations comme le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) ont une position différente. « Le racisme n’est pas une opinion en France, c’est un délit », a rappelé, le 12 mai, son président, Mouloud Aounit, pour préciser qu’il allait saisir la justice.
En attendant, le battage médiatique autour de cette affaire remplit d’aise l’éditeur. Tiré à 70 000 exemplaires, le bouquin est en 5e position sur la liste des meilleures ventes de Livres Hebdo du 16 mai. Comme quoi la bêtise peut rapporter gros.

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