Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 5 minutes.

Drôles de Banyamulenges
Dans votre article sur les viols en RDC (J.A.I. n° 2253), vous écrivez, concernant le témoignage d’une femme dont la fille a été violée, que ces atrocités ont été commises par des « soldats banyamulenges (Hutus rwandais) ». Or il n’existe pas de Banyamulenges hutus ni de Banyamulenges rwandais.
Réponse : Vous avez bien sûr raison. Les lecteurs qui connaissent cette région d’Afrique auront rectifié d’eux-mêmes : les Banyamulenges sont des Tutsis installés de longue date dans l’est de la RD Congo.

Vivre à Conakry : c’est dur !
Les habitants des communes de la banlieue de Conakry sont dans une situation précaire. L’électricité est rationnée et les pénuries d’eau sont permanentes ; certains quartiers n’en ont pas vu une goutte depuis trois ans. Dire que la Guinée est considérée comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest !

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La Ligue arabe sous pression
Le dernier sommet de la Ligue arabe a, à mon avis, été ajourné à cause des Américains. Ben Ali craignait que le rapport final soit trop virulent à l’encontre des États-Unis compte tenu de leur projet de Grand Moyen-Orient, de leur enlisement en Irak et de leur soutien aveugle à l’État d’Israël.

Qu’arrive-t-il à J.A.I. ?
J’ai été étonné de trouver dans notre hebdo la longue légende que vous avez publiée dans le J.A.I. n° 2255, page 7, pour commenter la photo de la rencontre Blair-Kadhafi. Ce n’est pas le ton habituel de notre hebdomadaire. Cela m’étonne (un peu) et me choque (beaucoup). Voilà pour la forme. Pour le fond, c’est pire ! Dans un hebdo africain, duquel j’attends une tonalité et une sensibilité africaines, un point de vue africain, c’est consternant.

L’Algérie a retrouvé sa dignité
Dans votre article sur « la bataille des images » concernant l’élection présidentielle en Algérie, vous avez omis de préciser que, pour la première fois, un non-Berbère a fait beaucoup pour l’Algérie. L’Algérie a retrouvé son rayonnement (et les Algériens, leur dignité !), les représentations françaises sont de nouveau ouvertes, les sinistrés du dernier tremblement de terre ont été relogés, le terrorisme a reculé, l’enseignement du français est de nouveau en vigueur dès l’école primaire, l’économie est progressivement privatisée, la liberté d’expression est retrouvée.

Chemins d’exil
Originaire du Mali, je suis récemment retourné dans mon village après une longue absence et j’ai été confronté à la même situation que celle que décrit Fawzia Zouari dans son Carnet de route (voir J.A.I. n° 2254). Mais tous ceux qui nous font le reproche, plus ou moins explicite, d’être partis pour l’Europe et donc « d’avoir trahi » n’attendent que l’occasion de suivre le même parcours…

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« Le pouvoir est comme l’alcool »
En 1981, l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ accordait une interview à Siradiou Diallo où il évoquait la situation politique, économique et sociale du continent africain, à l’époque dirigé par un pouvoir majoritairement dictatorial.
Amadou Hampâté Bâ nous enseignait alors que « le pouvoir est comme l’alcool. Après le premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde comme le lion dans la savane. Au troisième, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries. » Ce texte est dédié à Siradiou Diallo et toute l’équipe de J.A./L’intelligent.

Siradiou Diallo, quel journaliste !
Souvent à Paris, parfois à Genève ou dans une ville d’Afrique, Siradiou et sa femme nous ont conviés, mon épouse et moi, à un de ces dîners amicaux que je n’oublierai jamais. La discussion y a toujours été passionnante, vive, informée. La constante modération de Siradiou et son goût de la complexité ont souvent provoqué ma contradiction. Il me semblait parfois qu’il était trop indulgent avec les ennemis des peuples, les idéologues néolibéraux, les subtils manipulateurs de l’oppression néocoloniale, les seigneurs du capital financier et les hypocrites banquiers suisses sollicitant avec énergie les capitaux en fuite des dictateurs et des classes parasites du Tiers Monde. Mais j’ai toujours été admiratif de son érudition, de sa volonté indomptable de dignité, de son travail de journaliste d’abord – et quel journaliste ! – et de son engagement d’homme d’État ensuite, qui n’avait qu’un but patient : celui de rendre à l’Afrique méprisée sa voix libre et digne.

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Africains = suspects
J’ai récemment pris l’avion entre Douala et Paris. Des passagers de différentes nationalités étaient à bord du vol. À l’arrivée à Roissy, les passagers africains, dont moi-même, avons été retenus et interrogés pendant plus d’une heure, au point de faire manquer à certains leurs vols de correspondance. S’il est normal que les agents de police contrôlent les passagers à l’arrivée dans les aéroports internationaux, ils usaient d’un ton qui laissait penser que nous étions tous des suspects. Et pendant que nous étions interrogés, nos bagages traînaient dans le hall de l’aéroport, sans aucun contrôle…

Propagande guerrière
En Irak, ils bombardent nos mosquées tandis que les médias occidentaux désignent ceux qui se battent contre l’occupant américain comme des rebelles ! Je ne comprends plus rien à rien…

Côte d’Ivoire : le peuple en otage
En Côte d’Ivoire, les sanglants événements du 25 mars ont fait 37 morts selon le régime, 200 à 300 selon l’opposition. Le paisible peuple ivoirien est pris en otage par une bande de politiciens qui ne pensent qu’à pérenniser leurs privilèges. L’intérêt général leur est égal. La jeunesse doit donc rester vigilante et tourner définitivement le dos à la violence. Quant à la communauté internationale, elle doit veiller à ce que les responsables de ces dérapages soient traduits en justice. Ne dit-on pas que le crime se nourrit de l’impunité ?

Désillusions américaines
J’ai lu l’interview de Gaston Kelman (J.A.I. n° 2254) avec beaucoup d’intérêt. Il a raison de taxer de laxisme les pays africains. Pour évoluer, ce continent a besoin de gens comme lui. Néanmoins, je tiens à lui faire remarquer que les États-Unis ne sont pas une référence. Dans ce pays, la discrimination positive n’est qu’une utopie, et la ségrégation raciale est bien réelle. La France n’est peut-être pas le paradis pour la minorité noire, mais ce n’est pas l’enfer non plus. La situation est bien pire aux États-Unis.

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