Vers l’étranglement ?

Le secteur vit une situation délicate. Les cultures lui disputent l’espace disponible. Et l’importation de viande à bas prix n’arrange rien.

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Les conflits entre agriculteurs et éleveurs se multiplient à mesure que se réduit la surface de terres disponibles. « Il y a vingt ans, explique Elimane, un vieux pasteur malien, il y avait assez de pâturages et de champs pour tout le monde. » Aujourd’hui, avec l’extension des cultures itinérantes sur brûlis, les terres sont de plus en plus rares. Agriculteurs et éleveurs de la région sont pourtant confrontés au même défi d’accroissement de leur production, pour suivre la poussée démographique qui amène chaque jour de nouvelles bouches à nourrir.
Si le secteur de l’élevage – qui fait vivre environ 20 millions de personnes au Sahel – doit trouver une solution à la pénurie de fourrage en saison sèche, son développement passera nécessairement par une intensification des exploitations. Actuellement, seule l’aviculture connaît un début d’intensification, particulièrement au Sénégal avec la construction de poulaillers industriels. Comme la riziculture, l’élevage reste très rentable dans les zones enclavées. Mais avec les axes routiers régionaux, notamment entre Nouakchott et Bamako, qui faciliteront la pénétration des viandes importées, cela sera-t-il toujours le cas ?
Dans les capitales côtières, la compétition est âpre avec les viandes étrangères commercialisées à bas prix. Le succès du poulet congelé importé handicape fortement le développement des élevages de volailles. Les pouvoirs publics devront prendre des mesures pour protéger les éleveurs et encourager les filières animales, sous peine de voir le Sahel devenir le déversoir des surplus du Brésil, d’Océanie, d’Europe ou des États-Unis.
La production de viande des pays du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) est passée de 654 000 t en 1990 à 872 000 t en 2003. Mais ce volume reste bien insuffisant car la population de la zone doublera dans vingt-cinq ans. Le Mali, le Burkina Faso et le Tchad sont les plus importants producteurs de bovins, ovins et caprins du Sahel. Le commerce de bétail est particulièrement bien organisé entre certains pays de la zone (Niger, Burkina Faso, Mali) et les capitales côtières qui accueillent une grande partie de la population ouest-africaine. La crise ivoirienne a quelque peu modifié les itinéraires : animaux sur pied et carcasses à destination des villes de la côte ivoirienne sont désormais acheminés via le Ghana. Les commerçants sahéliens ont également trouvé de nouveaux débouchés au Togo, au Bénin, au Nigeria et même au Gabon.

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