Confidences de Raphaël Logbo

Aide de camp du président ivoirien

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

Accusé d’avoir financé la tentative de putsch au Burkina Faso, l’aide de camp du président ivoirien Laurent Gbagbo se défend.
Jeune Afrique/L’intelligent : Le capitaine Luther Ouali a pourtant déclaré devant le tribunal militaire de Ouagadougou qu’il était en contact avec vous…
Raphaël Logbo : C’est un ancien camarade de promotion de l’École des forces armées (EFA) de Bouaké, qui accueille également des élèves d’autres pays francophones d’Afrique. Nous sommes entrés tous les deux à l’EFA en 1982 et en sommes sortis avec le grade de sous-lieutenant en 1984. Dans notre promotion, il y avait deux autres Voltaïques [Burkinabè, depuis août 1984, Ndlr], mais aussi des Sénégalais, des Togolais, des Béninois et des Centrafricains. Nous étions, au total, une quinzaine d’élèves. Je n’ai plus revu Luther Ouali depuis 1984. Je suis donc surpris d’apprendre qu’il me met en cause dans une affaire qui ne me regarde ni de près ni de loin.
J.A.I. : Avez-vous néanmoins eu de ses nouvelles ?
R.L. : Bien entendu ! Il m’a téléphoné à Abidjan en 1998 ou en 1999. J’étais d’autant plus surpris que j’avais appris par d’autres camarades de promotion qu’il avait eu de graves ennuis dans son pays. Et, pour ne rien vous cacher, je croyais même qu’il était mort. Je le lui ai dit. Il a rigolé et m’a expliqué qu’il avait eu des ennuis, sans plus de précisions, avec les autorités burkinabè. Je lui ai donné du « Mon Commandant », mon grade à l’époque de notre échange téléphonique. Il m’a tout de suite corrigé en ces termes : « Tu as de la chance d’être commandant. Moi, je suis toujours lieutenant. »
J.A.I. : Il vous accuse de lui avoir remis 50 millions de F CFA (sur une promesse globale de 80 millions) pour l’aider à renverser le président Compaoré…
R.L. : Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Dans quel pays peut-on organiser un putsch avec 50 millions de F CFA ? Pareille accusation est farfelue. D’ailleurs, si j’en crois une autre version des faits, les 50 millions de F CFA seraient destinés à aider le capitaine Ouali à créer une société de transport. Si je dois, un jour, créer une entreprise de transport, ce serait à Abidjan et non pas à Ouagadougou !
J.A.I. : Il affirme également que vous lui avez promis des armes !
R.L. : Par où aurais-je donc pu les acheminer au Burkina Faso ? Par le nord de la Côte d’Ivoire ? Il est occupé depuis dix-neuf mois par des rebelles. Par le Ghana ? C’est impensable ! Cette affaire ne tient pas debout. Je le répète : je n’ai pas revu Luther Ouali depuis dix ans. Il m’arrive, lorsque je voyage avec le président de la République, de croiser d’anciens camarades de promotion. Cela a été le cas au Niger, lorsque nous nous y sommes rendus pour prendre part à un sommet de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Je suis allé une fois à Ouagadougou avec le président Gbagbo, mais le capitaine Luther Ouali n’a donné aucun signe de vie. C’était, il est vrai, juste un aller-retour. Je suis étonné qu’un officier de son rang mente de façon aussi éhontée.
J.A.I. : Il dit avoir rencontré personnellement le président Gbagbo en août 2003…
R.L. : C’est faux, archi-faux. Si je ne l’ai pas vu depuis 1984, on peut légitimement penser que le président, qui ne le connaît ni d’Adam ni d’Eve, ne l’a pas rencontré. Si l’occasion s’était présentée, il me serait revenu de faire les présentations, puisque nous sommes d’anciens camarades de promotion. Mon sentiment, dans cette affaire, c’est qu’au-delà de ma personne, c’est le président de la République qui est visé.
J.A.I. : Quel souvenir gardez-vous de votre ancien camarade de promotion ?
R.L. : C’était un garçon renfermé, très secret. Il évitait de se mélanger aux autres. Nous n’étions pas des amis, mais des camarades. À la fin de nos études, nous avions échangé nos adresses et numéros de téléphone, comme tous les jeunes du monde entier le font. Il est donc normal qu’on ait retrouvé dans son calepin mes coordonnées ainsi que, sans doute, celles d’autres camarades…

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