Léon Mba doit s’effacer
Publié le 19 avril 2004 Lecture : 1 minute.
Reportées après le coup d’État manqué du 18 février où des parachutistes français réussirent à rétablir Léon Mba dans ses pouvoirs, les élections gabonaises ont donc eu lieu. Certes, le parti gouvernemental s’adjuge une majorité. Mais elle est si faible que la vérité éclate enfin aux yeux de tous.
Que sera l’avenir ? Léon Mba, tel que j’ai pu le connaître, n’est pas tout à fait l’homme que les derniers événements nous ont montré. Son expérience est grande, sa bonté réelle, et il ne manque ni de sagesse ni de modestie. Que s’est-il passé ? Il est sans doute tombé aux mains de conseillers dont certains paraissent fort discutables.
Il faut souhaiter maintenant qu’à Libreville, les ambassades, de France ou d’Amérique, acceptent enfin de se taire et de jouer leur rôle de représentation. Il faut souhaiter que les Églises, qu’elles soient du « Grand Orient » ou du prestigieux Occident, suspendent leurs bourdonnements étourdissants pour que la parole du peuple soit entendue. […]
Quant à Léon Mba, il faut souhaiter pour lui comme pour le Gabon qu’il trouve une porte de sortie. Il eût dû refuser d’être réinstallé au palais présidentiel par les parachutistes du général de Gaulle. Il eût dû, à son retour de Lambaréné, s’assigner à résidence dans sa modeste villa et négocier avec les leaders de l’opposition pour trouver une solution politique à une crise éminemment politique…
Il a aujourd’hui perdu le bénéfice de ce geste qui l’aurait certainement grandi aux yeux du Gabon, de l’Afrique et du monde… Ceux qui lui conseillaient de s’accrocher au pouvoir oubliaient simplement que tenir au pouvoir est une faiblesse qui stérilise le jugement. Maintenant qu’on s’est engagé dans la voie de la répression et des emprisonnements, maintenant qu’on a trop écouté les amis trop exigeants, maintenant qu’on a perdu la face aux élections, pourra-t-on encore s’arrêter, réfléchir, et revenir en arrière ?
