Il était une fois des enfants en Palestine

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le sort d’un enfant palestinien nous émeut seulement quand cela nous arrange et quand nos mains ne sont pas impliquées. Les centaines d’enfants palestiniens tués, les milliers d’estropiés et les centaines de milliers d’entre eux qui vivent en état de siège et de pauvreté, et qui subissent quotidiennement la violence et l’humiliation, ceux-là ne parviennent pas à émouvoir l’opinion israélienne. Seul un enfant avec une ceinture y parvient.

Pourquoi n’avons-nous pas été choqués par la mort de Christine Saada, tombée prés de Bethléem dans une embuscade israélienne alors qu’elle circulait en voiture avec ses parents, il y a exactement un an ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de scandale après la mort de Jamil et Ahmed Abou Aziz, deux frères roulant en plein jour sur leurs vélos à Jénine, lorsqu’un char a tiré un obus sur eux ? En quoi leur mort, filmée par une caméra vidéo, est-elle moins cruelle ? Pourquoi n’avons-nous pas diffusé les images de Bassel et Abir Abou Samra, tous deux tués avec leur mère dans leurs vignes près de Naplouse ? Pourquoi n’avons-nous jamais débattu de la mort d’enfants à l’entrée du camp de réfugiés de Qalandiya [entre Jérusalem et Ramallah], où, tous les quinze jours, un enfant tombe sous les balles des gardes-frontières ou des soldats ? Pourquoi vêtir un enfant d’une ceinture d’explosifs est-il plus choquant que tirer un obus sur lui ?

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Les termes les plus forts ont été entendus : « Une ligne rouge », « Le pinacle de la barbarie », « Un acte diabolique ». C’est vrai qu’il est difficile d’admettre autant de cruauté envers un enfant innocent envoyé cyniquement vers la mort. Mais des Israéliens n’ont moralement pas le droit de reprocher aux Palestiniens d’être cruels envers leurs enfants, car nous ne sommes pas moins cruels. Envoyer un enfant à la mort avec une ceinture d’explosifs est effectivement un acte diabolique, mais la réaction indignée de notre opinion est teintée d’hypocrisie et de duplicité. Cette tentative de gagner à bon marché quelques points sur le front de nos relations avec l’étranger en utilisant l’image de cet enfant est ridicule. Le monde sait qu’Israël n’a pas les mains propres et qu’elles sont entachées du sang d’enfants.

Entre le 29 septembre 2000 et le 29 février 2004, les soldats de Tsahal ont tué 486 enfants et adolescents, 255 d’entre eux ayant moins de 15 ans, selon les chiffres du Groupe palestinien pour la protection des droits de l’homme (PHRMG). Ce chiffre effrayant devrait troubler le sommeil de tout Israélien honnête. Il ne peut y avoir de justification à la mort d’enfants sur une telle échelle. Cela fait longtemps que l’affirmation selon laquelle Tsahal ne tue pas intentionnellement des enfants a perdu tout fondement. La véritable question est : que fait Tsahal pour éviter la mort d’enfants ? La réponse est : très peu, voire rien.

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