Grand déballage

Pour complaire à leurs nouveaux « amis » américains, les responsables de la Jamahiriya multiplient les révélations sur leur défunt programme nucléaire.

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 1 minute.

Désormais ralliée sans condition aux États-Unis, la Libye n’en finit plus de dévoiler les secrets du « programme d’armement nucléaire » qu’elle a officiellement abandonné le 19 décembre 2003. Jour après jour, les contrôleurs américains et ceux de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) apportent de nouvelles « révélations », dont le quotidien britannique The Financial Times s’est fait l’écho dans ses éditions des 6 et 7 avril.
On apprend ainsi que le réseau de contrebande créé et dirigé par l’ingénieur pakistanais Abdul Qadeer Khan (voir J.A.I. n° 2250) était implanté dans plusieurs pays africains, européens et asiatiques. Les relations entre Khan et les responsables libyens ont été particulièrement actives entre juillet 1995 et octobre 2003. Pour plus de 500 millions de dollars, Tripoli a reçu livraison d’une partie du matériel nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire : plans, machines, équipements, formation… Ces livraisons ont été interrompues lorsque les Libyens se sont résolus à liquider leur « programme », en échange d’une promesse de levée des sanctions américaines, à la fin de cette année.
La Libye avait notamment passé commande de 10 000 centrifugeuses de type P-2 (deuxième génération), qui permettent de transformer l’uranium en matière radioactive. Quel-ques conteneurs de pièces détachées ont effectivement été livrés. Depuis, ils ont été remis aux Américains.
L’usinage et le commerce des pièces étant étroitement surveillés, Khan est parvenu à tromper la vigilance des services américains en parcellisant les travaux et en les confiant à de très nombreux partenaires étran-gers (espagnols, suisses, britanniques, allemands, etc.).
Le port de Dubaï était la plaque tournante offshore de ce trafic pour le transport et les transferts financiers. Selon les Libyens, l’émirat abritait également plusieurs centres de fabrication et de formation : Desert Electrical Co., SMB Computers, Gulf Technical Industries… Des rendez-vous d’affaires étaient organisés dans des hôtels et des restaurants de Casablanca, de Bamako et d’ailleurs. Décidément, Abdul Qadeer Khan n’est pas près de digérer la trahison de ses amis libyens.

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