Bourguiba, la France et nous

Lors de l’inauguration de l’esplanade Habib-Bourguiba, le 6 avril 2004 (voir J.A.I. n° 2257), le représentant de la Tunisie à Paris a rendu un hommage appuyé au « Combattant suprême ». Voici le texte de son discours, prononcé en présence du maire de la ca

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

Il m’échoit en ce jour mémorable l’insigne privilège de vous exprimer, au nom de la Tunisie, de son président et de son peuple, toute ma gratitude et mes vifs remerciements pour l’hommage que Paris a bien voulu rendre à Habib Bourguiba, père de l’indépendance et fondateur de l’État tunisien moderne.
L’homme dont vous honorez la mémoire en ce jour, qui correspond au quatrième anniversaire de sa disparition, avait été fortement marqué par la culture française. Le premier prix de philosophie de sa promotion qu’il obtint au Lycée Carnot témoigne de la passion du jeune élève qu’il était pour la culture de Descartes, de Voltaire, de Montesquieu et d’Auguste Comte. Homme de grande culture mais aussi fin politique, il sut éviter envers la France les pièges de la rancoeur et veilla constamment à distinguer entre la France, pays des valeurs universelles de liberté et des droits de l’homme, et les tenants du colonialisme.
C’est ainsi que, du fond de son bagne à Fort Saint-Nicolas, il prit fait et cause pour la France libre et pour les Alliés et exhorta à résister aux forces de l’Axe.
Bourguiba se refusa à jouer la rivalité entre les blocs et s’attacha toujours à trouver, en Occident même, sympathie, compréhension et soutien à la cause de son pays et à préserver ainsi les chances d’une relation forte entre la Tunisie et la France.
Comme l’a souligné le président Zine el-Abidine Ben Ali, lors des funérailles du défunt leader : « Bourguiba était un leader, un réformateur et un homme d’État qui a influé, en profondeur, sur le cours de notre histoire nationale contemporaine. Il s’est employé à enraciner les fondements de la modernité dans notre société, s’inspirant en cela du passé de notre pays et de son présent, conscient des impératifs et des contraintes de son époque. Sa démarche fut marquée tout à la fois d’audace et de pragmatisme d’une part et de sagesse et de prudence de l’autre. »
Ainsi, les premiers décrets pris en Tunisie juste après l’indépendance eurent trait à l’émancipation de la femme pour jeter les fondements d’une communauté de citoyens égaux en droits et en devoirs.
Parce qu’il n’est de richesse que d’hommes et de femmes, Bourguiba s’attela, dès 1958, à généraliser l’enseignement, institua l’obligation scolaire au niveau du primaire et compléta ainsi les lois fondatrices d’une nouvelle société, moderne.
Bourguiba érigea le respect de la légalité internationale en principe sacré et intangible. Son célèbre discours de Jéricho et ses prises de position concernant le conflit du Moyen-Orient sont internationalement connus et lui ont valu une réputation méritée de sagesse.
Au moment où le dialogue des civilisations est en débat, au moment où se pose la question de la compatibilité avec l’Islam des valeurs de démocratie et des droits de l’homme, l’héritage de Bourguiba prend un relief particulier et mérite d’être reconsidéré.
La Tunisie apporte, aujourd’hui, sous la conduite sage et éclairée du président Ben Ali, le témoignage de la pérennité de ces grands choix.
L’Histoire reconnaîtra au président Ben Ali d’avoir sauvé, enrichi, consolidé et considérablement étendu les plus importants choix de Bourguiba, et notamment ceux relatifs à la femme et à l’éducation. La femme jouit aujourd’hui en Tunisie d’un statut tout à fait exceptionnel et l’enseignement est très largement diffusé. L’enseignement obligatoire du français, à tous les niveaux, fait que la Tunisie est l’un des pays où l’on parle le plus le français, en dehors de la France.
La Tunisie poursuit aujourd’hui résolument, de manière méthodique et persévérante, le projet d’une société de progrès, une société ayant en commun avec la France et l’Occident les valeurs de démocratie, de tolérance et de droits de l’homme.
Je voudrais vous renouveler mes remerciements, Monsieur le Maire, à vous-même et aux Parisiens, pour ce geste qui nous va droit au coeur. Je voudrais saisir cette occasion pour vous dire combien nous sommes attachés à l’amitié tuniso-française et plus que jamais déterminés à faire de nos relations un modèle de coopération, de dialogue et d’entente.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires