Ben Laden parle aux Européens

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le contenu du message d’Oussama Ben Laden diffusé le 15 avril par les chaînes saoudienne Al-Arabiya et qatarie Al-Jazira en a surpris plus d’un. Celui dont toutes les sorties médiatiques sont d’ordinaire porteuses de menaces et de promesses d’hémoglobine à l’adresse des ennemis de l’islam propose à l’Europe une trêve. La réponse ne s’est pas fait attendre : « On ne négocie pas avec les terroristes », ont répliqué la plupart des capitales européennes. Si cette réaction était attendue, la proposition du chef d’el-Qaïda n’en demeure pas moins énigmatique. Pourquoi une trêve au moment où le monde islamique, au nom duquel il mène son combat, traverse une période particulièrement difficile ?

En fait, Ben Laden ne s’adresse pas aux gouvernants, mais à l’opinion occidentale. C’est à la rue européenne, notamment espagnole, que l’ennemi public numéro un de l’Amérique propose une période probatoire de trois mois avant que le dernier soldat européen quitte à jamais les territoires musulmans. Et de rappeler aux peuples d’Europe que leurs fils sont envoyés en Afghanistan et en Irak « pour tuer et se faire tuer ».

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Autre nouveauté dans le discours de Ben Laden : la justification du terrorisme (terme qu’il revendique pour la première fois). « Quelle religion vous permet de croire que vos morts sont innocents et les nôtres coupables ? Quel rite impose que votre sang soit du sang et le nôtre de l’eau ? Quelle école vous permet de croire que la paix vous est exclusive et que notre destin est la guerre et la destruction ? Le tort revient à celui qui a commencé. »

Un plaidoyer qui ne traduit pas pour autant une position défensive. Car Ben Laden promet de punir l’Amérique pour l’assassinat du cheikh Yassine, fondateur du Hamas palestinien, tué par Tsahal le 23 mars. Mais le choix du champ de bataille a de quoi désarçonner l’opinion arabe qui, majoritairement, n’adhère pas au combat de Ben Laden, même si son discours est de mieux en mieux perçu. Pourquoi New York et pas Tel-Aviv ? s’interroge-t-on de Rabat à Jakarta. La réponse paraît simple aux yeux des salafistes : Bush-Sharon, même combat.

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