Au compte-gouttes

Selon un rapport de l’OCDE, l’Afrique subsaharienne profite relativement peu de la hausse de l’aide publique au développement.

Publié le 19 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Les nouveaux chiffres sur le volume et la répartition de l’aide publique au développement (APD) ont de quoi inquiéter les décideurs africains. Le bilan, publié le 14 avril par l’OCDE(*), est positif. Mais seulement en apparence. Au cours de l’exercice 2002, l’Afrique subsaharienne a reçu 18,6 milliards de dollars d’aide (versements nets), en augmentation de 36 % par rapport à 2001. Mais ce bond s’explique essentiellement par l’ampleur de l’assistance technique, de l’aide d’urgence et des annulations de dettes, ce qui ne représente pas de transferts d’argent.
Le président du Comité d’aide au développement (CAD), le Britannique Richard Manning, ne s’en cache d’ailleurs pas : « Les progrès sont insuffisants en Afrique subsaharienne, explique-t-il. Mais la responsabilité des pays bénéficiaires est primordiale. » La part de la région dans l’attribution de l’aide mondiale a peu changé au cours des dix dernières années. Elle stagne autour de 30 %, alors que celle de l’Asie est passée de 31 % à 38 % et celle de l’Europe de l’Est de 4 % à 8 %. La part de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient a, elle, diminué de plus de moitié (10 % en 2002), en raison de la « sortie » d’Israël – l’argent que ce pays reçoit n’est plus classé dans la catégorie « aide au développement ».
« Plusieurs facteurs ont contribué à la diminution de l’aide consentie à l’Afrique, lit-on dans le rapport du CAD. Le plus important et le plus inquiétant a été la difficulté grandissante d’acheminer l’aide dans nombre de pays dévastés par les conflits, dans la Corne de l’Afrique, le bassin du Congo et certaines régions d’Afrique de l’Ouest. Dans d’autres pays, comme le Zimbabwe, la situation des droits de l’homme a conduit certains donateurs à réduire leurs subsides. » Si cette tendance ne s’inverse pas rapidement, il est à craindre que l’augmentation annoncée de l’aide mondiale (de 62 milliards en 2002 à 75 milliards en 2006) ne profite pas – ou peu – à la région la plus démunie de la planète. Pour la simple raison que les pays riches tournent désormais sept fois leur langue dans leur bouche avant de faire une promesse et de délier leur bourse.

* Le Comité d’aide au développement (CAD) regroupe depuis 1960, sur la base du volontariat, les principaux donateurs occidentaux, tous membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Leur nombre passera cette année de 22 à 23 pays avec l’adhésion de l’Islande. Le CAD publie chaque année le bilan de la « coopération pour le développement », en anglais, allemand et français. L’édition 2003 (260 pp.) est vendue 53 dollars.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires