Coronavirus : le Maroc débloque la « ligne de précaution » du FMI

C’est la première fois que le royaume fait appel à la « Ligne de précaution et de liquidité », un dispositif auquel il souscrit depuis 2012 afin d’être en capacité de de limiter l’impact des chocs extérieurs.

Mohamed Benchaaboun, le grand argentier du Maroc, est membre du RNI. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Mohamed Benchaaboun, le grand argentier du Maroc, est membre du RNI. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Publié le 8 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Après avoir obtenu un prêt auprès de la Banque Mondiale de 275 millions de dollars destiné à la gestion des risques de catastrophe, le royaume chérifien a sollicité le FMI. Le Maroc a donc procédé, le 7 avril, à un tirage sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), mise à sa disposition par le FMI, pour un montant équivalent à près de 3 milliards de dollars, remboursable sur une période de cinq ans, avec une période de grâce de trois ans.

Pour rappel, le pays a conclu un accord avec cette institution de Bretton Woods en 2012 pour cette LPL. Un accord renouvelé pour la 3e fois en décembre 2018, pour une période de deux ans, avec l’intention de l’utiliser comme assurance contre les chocs extrêmes, à l’image de ce qui se passe actuellement. Dans sa dernière note de conjoncture, le Haut-commissariat au plan parle en effet d’un ralentissement de 1,1 % au 1er trimestre et d’une récession attendue au 2e trimestre de -1,8 %.

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Un endettement plus important que prévu

« Cette décision vient s’ajouter aux mesures prises par le Comité de veille économique et aux efforts en matière de mobilisation des financements extérieurs », précise la communication de Bank Al Maghrib.

Pour que ce tirage devienne possible, Mohammed Benchaâboun, le ministre des Finances, a dû faire passer en urgence un projet de décret-loi n° 2.20.320 relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs en commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants.

Ainsi, au lieu des 31 milliards de dirhams que l’État pouvait lever en 2020, il sera possible que le Maroc s’endette plus lourdement tout en conservant des réserves en devises suffisantes pour couvrir ses besoins d’importations et ne pas bouleverser l’équilibre dans lequel était le dirham face à l’euro et au dollar.

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Une assurance dont le royaume a failli se passer

La crise a fait chuter les arrivées des touristes, les investissements directs étrangers et les transferts des Marocains résidant à l’étranger qui sont les trois les principaux pourvoyeurs de devise pour le royaume. « La pandémie du Covid19, d’une ampleur sans précédent, laisse présager une récession économique mondiale bien plus profonde que celle de 2009. L’économie nationale sera en conséquence impactée, notamment au niveau des secteurs et des activités orientés vers l’extérieur », explique le communiqué de la Banque centrale.

Mise en place par le FMI pour les « bons élèves » en matière de politiques économiques et monétaires, la LPL avait failli ne pas être renouvelée, l’ex-ministre des Finances, Mohamed Boussaid, ayant mis en avant en octobre 2017 le coût important du dispositif, qu’il évaluait à 120 millions de dirhams (11 millions d’euros) par an, sans que le Maroc n’y ait eu recours depuis sa souscription, en 2012.

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Mais la mesure est « une assurance utile » qui permet la « réduction de la vulnérabilité budgétaire et extérieure et une croissance plus élevée et plus inclusive », assure le FMI, selon lequel « l’admission d’un pays à bénéficier de la LPL témoigne de la solidité foncière de son économie et de la politique économique menée par les autorités, ce qui contribue à raffermir la confiance des marchés à l’égard des mesures qu’elles envisagent », explique le FMI.

Selon nos sources, Rabat prépare aussi une sortie sur les marchés internationaux au cours de l’année. Une mesure qui doit encore être précisée, notamment dans son montant, qui dépendra beaucoup des taux proposés.

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