Antirétroviraux enfin gratuits !

Publié le 20 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

« C’est le plus beau jour de ma vie, s’exclame la mère d’une petite fille de 6 ans, qui a l’air d’en avoir 3. Son cerveau est définitivement atteint, mais au moins, les diarrhées vont s’arrêter. Moi aussi, je vais recevoir les médicaments, mais je dois d’abord m’habituer à les donner à ma fille avant, pour ne pas tout mélanger. Je suis moins malade qu’elle, alors je peux attendre. » En ce premier jour d’avril, la salle principale de la clinique pédiatrique pour enfants séropositifs du Chris-Hani-Baragwanath Hospital de Soweto est en effervescence. Pour la première fois, des antirétroviraux (ARV) y sont distribués gratuitement, ainsi que dans quatre autres hôpitaux publics de la province du Gauteng, la plus peuplée d’Afrique du Sud.
On n’est plus à quelques jours près maintenant, tant l’Afrique du Sud, qui compte le plus grand nombre de séropositifs au monde (environ 5 millions), est en retard par rapport à ses voisins. Depuis 1999, le président Thabo Mbeki refuse de reconnaître le lien entre le VIH et le sida, et minimise l’efficacité de la trithérapie. Sous la pression des associations de lutte contre la pandémie, le gouvernement sud-africain a pourtant fini par approuver en novembre 2003 un plan national de soins qui inclut la distribution d’ARV dans tout le pays. Même si, en ce début d’avril, c’est l’État provincial qui a financé les premiers ARV. Pour l’année fiscale à venir, 45 millions de rands (5,8 millions d’euros) devront être dépensés par Pretoria et 50 millions par la province. Fatigué des reports incessants du gouvernement national, le Premier ministre du Gauteng a suivi les initiatives de son homologue du Cap occidental.
Car, à l’autre bout du pays, on n’a pas attendu le feu vert de Pretoria pour distribuer des ARV. L’ONG Médecins sans frontières s’est installée fin 1999 à Khayelitsha, un township du Cap, et soigne depuis trois ans 200 malades. Paul Roux, médecin à l’hôpital Groote-Schuur du Cap, a même réussi à faire entrer les ARV dans le secteur public. Au-dessus du lit d’une petite fille qui peut à peine respirer, dans la section G25 de
l’hôpital, il explique : « J’ai monté une association, Kidzpositive, financée par des ONG étrangères dont Sidaction , et je soigne 250 enfants, tous les jours de l’année. » Bien sûr, admet-il, la trithérapie est un soin complexe, principal obstacle à sa diffusion, « mais j’ai prouvé que l’adhérence des familles au programme était très forte. J’invite d’ailleurs tous les médecins du continent à venir visiter ma clinique
pour voir les résultats sur les enfants ». Sans compter que le Pr Roux a mis en place des activités génératrices de revenus pour les mères séropositives, afin qu’elles puissent
assurer une hygiène de vie à leurs enfants.
À Soweto, de tels programmes ne sont pas encore prévus, mais la préparation des patients au traitement a été assurée. « Une semaine avant la distribution, nous avons commencé à préparer une quinzaine d’enfants et expliqué à leurs mères l’importance de la régularité des prises de médicaments, explique Sylvia Mtshizana, infirmière à la clinique. Malgré notre impatience à soigner ces enfants, on ne peut pas se contenter de leur délivrer des ARV sans les former. » Il faudra être encore un peu patient d’ici à ce que le plan de traitement, prévu pour mars 2005, de 10 000 personnes au niveau provincial soit atteint. Il faudra pour cela que le personnel médical soit plus nombreux, explique Tammy Meyers, la
chef de clinique. « Nous sommes complètement en sous-effectif. Le gouvernement nous a promis quatre médecins supplémentaires, pour tout l’hôpital. Peut-être que j’en aurai un. » Mais elle préfère ne pas s’attarder sur la question : les petits sandwichs prévus pour fêter l’occasion avec toutes les familles sont arrivés. « C’est un jour fantastique », est-elle juste capable de répéter.

www.kidzpositive.org

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