Burkina Faso : pour les déplacés, la crise humanitaire pourrait aussi être sanitaire

Au Burkina, les attaques contre des villages ne cessent pas. Le nombre de personnes déplacées vivant dans des situations très précaires augmente. Tout comme le risque de contracter le coronavirus et de voir l’épidémie se propager.

Un camp de personnes déplacées à Kaya, Burkina, installé sur un terrain privé mis à disposition de la ville. Le 10 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Un camp de personnes déplacées à Kaya, Burkina, installé sur un terrain privé mis à disposition de la ville. Le 10 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Aïssatou Diallo.

Publié le 12 avril 2020 Lecture : 4 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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« C’était un matin de la fin du mois de février. Des hommes armés ont fait irruption dans le village. Ils étaient sur des motos et tiraient sur tout ce qui bougeait », raconte d’une voix calme Minata, 47 ans. Elle fait une pause, le regard dans le vide. Son fils de 3 ans sanglote pour attirer son attention. Minata lui adresse un sourire, puis reprend.

« Nous nous sommes cachés dans la brousse. On les entendait crier qu’ils ne voulaient plus nous voir dans le village. Pourquoi ? On ne sait pas. Ils voulaient juste que nous partions. Alors nous avons passé la nuit dans la brousse. Le lendemain, à l’aube, quelques femmes sont reparties chercher les corps. Ils avaient tué une dizaine de personnes, dont sept membres de ma famille. Nous les avons enterrés près du village. »

Minata a perdu sept membres de sa famille lors d'une attaque d'hommes armés dans son village. Kaya, le 10 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Minata a perdu sept membres de sa famille lors d'une attaque d'hommes armés dans son village. Kaya, le 10 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Les survivants de l’attaque de Silmadjé ont dû fuir en laissant tout derrière eux. Ils se sont retrouvés par petits groupes à Pinsa, dans le centre-nord du Burkina. De là, comme près de 200 000 personnes avant eux, ils ont rejoint Kaya au début de mars. Cette ville d’environ 70 000 habitants a vu sa population tripler en quelques mois. Des maisons de fortune sortent de terre partout autour de la ville.

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