Crise en Libye : les Américains derrière le blocage de la candidature de l’Algérien Lamamra à l’ONU

L’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, devait être nommé en mars dernier envoyé spécial des Nations unies pour la Libye. Mais sa candidature a été bloquée par Washington, avec le soutien de deux capitales arabes. Explications.

Ramtane Lamamra, le ministre des affaires étrangères algérien, en 2019. © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA

Ramtane Lamamra, le ministre des affaires étrangères algérien, en 2019. © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA

Publié le 9 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Le chef de l’ONU, António Guterres, est à la recherche d’une nouvelle personnalité pour le rôle d’émissaire des Nations unies pour la Libye, après le refus des États-Unis d’endosser la candidature de l’Algérien Ramtane Lamamra qui avait été pressenti pour cette fonction, selon des diplomates.

Il y a un mois, la nomination de l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères semblait pourtant acquise. Mais pas pour les États-Unis, qui ont multiplié « les questions » alors que « tout le monde » était d’accord avec ce choix, selon un diplomate. « Ce sont les Américains qui ont pesé de leur poids pour bloquer la désignation de Ramtane Lamamra », confie à Jeune Afrique un ancien ambassadeur à Alger.

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Pour remplacer Ghassan Salamé, qui a démissionné en mars dernier de son poste après deux ans et demi de service alors que le processus politique était dans l’impasse, le SG de l’ONU avait sollicité Ramtane Lamamra, 67 ans. Les deux hommes se connaissent bien, dans la mesure où Guterres a fait intégrer, en septembre 2017, le diplomate algérien dans le panel onusien chargé des médiations internationales. « Je n’ai rien demandé, on est venu me chercher », explique à ses proches Lamamra qui fut à plusieurs reprises ambassadeur et a dirigé le MAE entre 2013 et 2017.

Intense lobbying

Déjà haut représentant de l’Union africaine (UA) pour « faire taire les armes », la candidature de Lamamra avait alors le soutien de l’UA ainsi que de treize membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour occuper ce poste.

Las, les Émirats-Arabes Unis et l’Égypte, qui soutiennent le maréchal Haftar contre le gouvernement d’Union nationale de Fayez Al Sarraj, ont entrepris un intense lobbying auprès des Américains pour barrer la route à Lamamra. Exit donc la candidature de ce dernier ? Pas tout à fait, même si d’autres pistes sont à l’étude.

À Alger où il séjourne actuellement, Ramtane Lamamra est plutôt serein. « Rien n’est encore décidé, glisse une de ses connaissances. La situation pourrait se débloquer en sa faveur dans les semaines à venir. »

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Trop proche de la Russie ?

Mercredi 8 avril, à l’occasion d’une réunion à huis clos sur la Libye, une responsable de l’ONU a annoncé au Conseil de sécurité qu’António Guterres avait lancé des recherches pour trouver quelqu’un d’autre, a indiqué une autre source. Le secrétariat « travaille d’arrache-pied pour faire une proposition », a dit cette source à l’AFP sous couvert d’anonymat.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès de la mission américaine de l’ONU sur les raisons ayant motivé son opposition à l’ex-ministre algérien, considéré comme un diplomate très expérimenté. Une quatrième source estime qu’il a pu être jugé par Washington trop proche de la Russie, accusée de soutenir le maréchal Haftar avec des mercenaires, ce dont Moscou se défend.

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Selon une source diplomatique à Alger, qui s’est confiée sous le sceau de la confidence, les Émiratis et les Égyptiens souhaitent que le prochain envoyé spécial en Libye soit issu du Moyen-Orient, d’origine jordanienne de préférence.

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