Face au coronavirus, les préconisations des lauréats tunisiens du prix Nobel de la paix 2015

Dans une lettre ouverte au chef du gouvernement, les lauréats du prix Nobel de la paix 2015 donnent leurs solutions pour sortir de la crise du coronavirus. Parmi elles, l’abrogation de la dette extérieure et un soutien accru aux entreprises.

Un parking de supermarché désert à La Marsa, en Tunisie © Hassene Dridi/AP/SIPA

Un parking de supermarché désert à La Marsa, en Tunisie © Hassene Dridi/AP/SIPA

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Publié le 10 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Depuis leur prix Nobel de la paix en 2015, les occasions ont été rares pour l’UGTT (principal syndicat des travailleurs), l’Utica (organisation patronale), la Ligue des droits de l’homme et l’Ordre national des avocats de se retrouver autour d’un combat commun.

C’est chose faite avec la lutte contre le Covid-19. À l’initiative de Radhi Meddeb, PDG de la société Comete Engineering, et de Slaheddine Sellam, ancien ministre de la Santé (2011), les quatre représentants de l’époque, accompagnés de 64 autres personnalités du monde de l’entreprise, de la santé et de la politique, proposent une vingtaine de mesures sanitaires et économiques pour surmonter la pandémie. Des propositions soumises cette semaine au Premier ministre, Elyes Fakhfakh.

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Sur le plan macro-économique, les signataires demandent au gouvernement de rompre avec les équilibres budgétaires, « à l’image des grands pays confrontés à cette pandémie ». En contrepartie, les dépenses budgétées ne concernant pas la santé, le soutien aux populations fragiles et la sauvegarde des entreprises devraient être revues à la baisse.

Des mesures à mettre en œuvre immédiatement

Le Premier ministre est invité à négocier un gel de la dette de la Tunisie auprès du FMI et de la Banque mondiale. La dette extérieure s’élève à 74 % du PIB (25 milliards d’euros), mais surtout, le service de cette dette a plus que doublé entre 2011 et 2017 pour atteindre 2,2 milliards d’euros : « Le service de la dette devient insupportable en temps de paix. Il risque de nous étouffer dans la guerre que nous engageons contre le coronavirus. » La feuille de route insiste sur la promulgation des décrets d’application dans la foulée de ces mesures afin qu’elles soient applicables immédiatement.

Concernant les entreprises, les signataires demandent à ce qu’elles rouvrent rapidement à condition qu’elles assurent aux employés un respect des règles de distanciations et sanitaires. Le texte plaide également pour que chaque société puisse bénéficier à tout moment d’un fonds de roulement de quarante-cinq jours à travers une garantie donnée par l’État, sans décaissement immédiat, aux banques concernées.

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Les institutions de microfinance (IMF) – qui accompagnent près de 450 000 artisans et TPE pour un volume de plus d’un milliard de dinars (317 millions d’euros) – doivent, selon eux, bénéficier des mêmes avantages que ceux récemment offerts aux banques, à savoir un assouplissement des règles prudentielles (aujourd’hui la ratio de solvabilité des IMF est fixé à 15 %).

Des « paniers familiaux de référence »

Pour venir en aide aux deux millions de Tunisiens qui vivent sous le seuil de pauvreté et aux centaines de milliers susceptibles d’y tomber, les signataires veulent que l’armée aidée des associations locales distribuent des « paniers familiaux de référence » ou, à défaut, une aide financière équivalente distribuée directement à leurs domiciles.

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L’objectif est d’inciter ces Tunisiens, souvent des journaliers précaires, à ne pas enfreindre le confinement afin de nourrir leurs familles. Ce circuit doit aussi empêcher les regroupements dans les agences postales où sont distribuées jusqu’à maintenant les aides sociales. Le coût de la mesure est estimé entre 250 et 300 millions de dinars (entre 79 et 95 millions d’euros).

Enfin, tablant sur la chute du prix du pétrole, les signataires de l’appel proposent que l’utilisation de cette manne financière soit validée par des coordinations ad hoc regroupant des membres des ministères concernés, des activistes de la société civile et des dirigeant d’organisations nationales.

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