Les mille et un jardins de Lutens

C’est au Maroc qu’est née la vocation du créateur français aux multiples facettes.

Publié le 19 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

L’homme qui cultivait ses jardins pour en faire l’écrin d’essences sublimes, tels ses flacons de parfum. Son jardin de Marrakech d’abord, ville impériale où il a choisi de vivre. Depuis 1974, il habite dans la palmeraie une villa avec un jardin de plusieurs hectares où, sous les couleurs chatoyantes et la lumière éblouissante, s’épanouissent lauriers, figuiers, fleurs d’oranger et jasmins et où Serge Lutens trouve sa source inépuisable d’inspiration.
À Paris ensuite, sous les arcades des jardins du Palais-Royal, où se trouve sa boutique
Né en 1942 à Lille, dans le Nord de la France, Lutens devient à 20 ans photographe pour Vogue, puis pour Harper’s Bazaar, Elle et les plus prestigieux magazines de mode. En 1967, la maison Christian Dior lui confie sa direction artistique. Depuis 1980, il est responsable de l’image de Shiseido. Pour la marque de cosmétiques japonaise, il crée Féminité du bois, la première fragrance d’une authentique parfumerie d’auteur qui s’exhale pleinement en 2000 lorsqu’il lance enfin sa propre marque. Ses créations – Chergui, À la nuit, Fumerie turque ou Ambre Sultan, par exemple – sont autant de motifs d’une subtile alchimie poétique. Les parfums Serge Lutens – qu’il décrit comme aussi bien masculins que féminins puisque, selon lui, « une fragrance prend le caractère de celui ou celle qui la porte » s’inspirent intimement du Maroc, qui est à l’origine de sa vocation. En 1968, lors de son premier voyage à Marrakech, au souk, Lutens se voit offrir un morceau de cèdre odorant. Une révélation olfactive. « Je l’ai conservé pendant des années dans une boîte en thuya [bois typique de la région d’Essaouira], bien loin d’imaginer que je deviendrais un jour créateur de parfums », raconte-t-il.
2007 marque la reconnaissance du talent de Lutens sur la scène internationale. Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui vient de lui décerner, le 27 février dernier, le grade de commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. Une distinction attribuée pour sa contribution au rayonnement culturel de la France à l’étranger. Si Serge Lutens incarne aussi bien le chic parisien, la quintessence du luxe, ce n’est pas seulement pour ses parfums, car il est avant tout un artiste « global » qui a également imprimé sa marque dans le cinéma et la photographie. Une petite visite au musée de la Publicité suffit pour s’en convaincre : des clichés d’une trentaine de photographes aussi renommés que talentueux – de Man Ray à Jean-Paul Goude en passant, bien sûr, par Serge Lutens – démontrent que la publicité peut aussi être de l’art.

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