Les lois de l’attraction

Pour satisfaire chaque année plus ?de visiteurs, les autorités veulent diversifier l’offre et remédier au manque d’infrastructures.

Publié le 19 mars 2007 Lecture : 4 minutes.

Elaboration d’un plan de développement touristique, participation active du pays à la vingt-huitième édition du salon professionnel du tourisme Top Resa (Deauville, France) en septembre 2006, inauguration d’une agence franchisée Go Voyages à Bamako en mai 2006 le Mali amorce sa révolution touristique.
En l’espace de quinze ans, le nombre de visiteurs a sensiblement augmenté dans le pays. Alors qu’ils n’étaient que 42 000 en 1992 et 100 000 en 2000, leur nombre a été porté à 300 000 en 2006. La stabilité politique y est certes pour beaucoup, mais cette croissance résulte surtout d’une stratégie qui commence à porter ses fruits.
Les atouts et les potentialités du pays ont incité les autorités à miser sur le tourisme, qui figure parmi les cinq secteurs porteurs de croissance capables de contribuer à lutter contre la pauvreté. En 2005, le tourisme a d’ailleurs permis d’engranger 80 milliards de F CFA de recettes (121 millions d’euros).
Près de 80 % des visiteurs se rendent au Mali pour raisons professionnelles. De quoi susciter l’intérêt des autorités, qui entendent bien développer le tourisme d’affaires et ainsi diversifier les bases de l’économie tout en rentabilisant les infrastructures de la capitale. Ainsi, l’offre élargie en hôtels, restaurants et salles de conférences a permis, ces dernières années, de multiplier les rencontres internationales et sous-régionales à Bamako.
En dehors de la capitale, le tourisme de loisirs demeure culturel. Longtemps cantonné au triangle constitué par le Pays dogon, Mopti et Tombouctou, l’offre se diversifie progressivement. L’organisation de biennales et de festivals mis en place par le ministère de la Culture et des opérateurs privés a permis d’attirer une nouvelle clientèle et d’étendre la fréquentation sur une plus longue période. Les rives des fleuves Sénégal et Niger ont vu, quant à elles, se développer un certain nombre d’activités liées au tourisme nautique (croisières, raids en jet ski), comme sur les lacs de Manantali, dans l’ouest du pays, et de Sélingué, près de la frontière guinéenne.
Mais c’est l’écotourisme qui devrait constituer, à l’avenir, l’activité numéro un du secteur. Selon la Direction de la conservation de la nature (DNCN), le Mali dispose de nombreux atouts qui ne demandent qu’à être valorisés. Le pays compte dix-neuf zones protégées, dont un parc national, neuf réserves de faune, diverses forêts classées et plusieurs sites « Ramsar » (du nom de la ville iranienne où fut adoptée la convention visant à protéger les zones humides d’une grande richesse naturelle). Dans le sud du pays, un lac de 40 000 hectares qui s’étend jusqu’en Guinée sera bientôt aménagé, tandis que le parc du Bafing et le parc national de la Boucle du Baoulé feront peau neuve.
D’autres destinations, jusqu’alors en marge des circuits, sont en train d’émerger. Kayes, ville de l’ouest du pays, espère doubler le nombre de ses touristes ces prochaines années (ils étaient 5 000 en 2005). C’est en tout cas l’objectif que s’est fixé le maire de cette agglomération de 80 000 habitants où a été lancée la saison touristique 2006-2007, en décembre dernier. Si la région est riche sur le plan culturel, elle l’est aussi par sa faune et sa flore. Autant de bonnes raisons d’attirer des agences de voyages telles qu’ATS, Wani Tour ou encore Koumbi Voyage. À terme, cette région pourrait être intégrée dans un circuit inter-États avec le Sénégal et la Mauritanie.
Autre zone appelée à s’ouvrir au tourisme, le Pays mandé possède une riche histoire. Cette région, située au sud du pays, compte également une dizaine de sites écotouristiques. Depuis juin 2006, un guide spécialement consacré au Mandé propose d’ailleurs six circuits (aventure, sportif, familial, inter-États, week-end et croisière sur le Niger).
Mais la beauté des sites ne suffit pas. Plusieurs contraintes entravent encore l’essor du tourisme malien. Si l’offre hôtelière s’est considérablement étendue – le nombre d’hôtels est passé de 120 en 2000 à 252 en 2006 et celui de chambres a été porté à 5 271 -, elle reste toutefois limitée hors de la capitale, qui totalise 33,8 % des hébergements touristiques. Pour pallier la pénurie à l’intérieur du pays, entrepreneurs privés locaux et étrangers s’activent. Un nouvel hôtel vient d’être inauguré à Diboli, non loin de Kayes. À Mopti, ville située entre Bamako et Tombouctou qui compte déjà 45 hôtels et 600 chambres, le groupe Accor envisage l’ouverture d’un hôtel Ibis. À ces investissements devront s’ajouter la réhabilitation et la construction de sites ainsi que l’aménagement de circuits.
Le problème du transport aérien est également en passe d’être résolu. Créée en 2005, la Compagnie aérienne du Mali, dont l’opérateur principal est IPS, du groupe Aga Khan et de Go Voyages France, premier voyagiste européen, associé du groupe Accor, assurera une desserte intérieure (Mopti, Tombouctou, Kayes), régionale (Conakry, Libreville, Brazzaville et Cotonou) et intercontinentale (Paris-Bamako-Paris avec deux vols par semaine). Go Voyages compte, par ailleurs, lancer des études en vue de développer, en partenariat avec Accor, des activités touristiques au Mali. Mais les opérateurs se heurtent encore à quelques difficultés. Le ravitaillement en carburant, par exemple, dans certaines villes de l’intérieur demeure problématique et augmente les coûts des circuits. En revanche, des campagnes de sensibilisation ont été menées auprès des forces de sécurité pour mettre fin aux contrôles intempestifs sur les routes.
Des améliorations sont également à noter dans la qualité des prestations. Aujourd’hui, près d’une cinquantaine d’hôtels répondent aux normes en vigueur dans les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). De même, des mesures sont prises pour remédier au manque de professionnalisation des opérateurs hôteliers et touristiques. Autant de dispositions destinées à rendre le Mali plus attractif.

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