Libye : coupure d’eau et d’électricité à Tripoli, l’ONU dénonce une « arme de guerre »

Dans la capitale et aux alentours, plus de deux millions de Libyens subissent depuis une semaine d’importantes coupures d’eau et d’électricité. L’ONU dénonce une « arme de guerre », le GNA de Fayez al-Sarraj accuse les troupes du maréchal Khalifa Haftar.

Une vue de Tripoli, le 28 février 2020. © Felipe Dana/AP/SIPA

Une vue de Tripoli, le 28 février 2020. © Felipe Dana/AP/SIPA

Publié le 12 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Cela dure depuis plusieurs jours. À Tripoli, ailleurs dans l’ouest, ainsi que dans les régions du sud, les robinets sont désespérément à sec. Les villes côtières du nord, approvisionnées en eau depuis les nappes aquifères du désert (sud) via le réseau de la Grande rivière artificielle, projet pharaonique réalisé sous le régime Kadhafi, subissent aussi d’importantes coupures de courant. Pour les Nations unies, ces coupures, intentionnelles, « doivent cesser immédiatement. »

« L’accès à l’eau et à l’électricité est plus que jamais vital », a rappelé Yakoub El Hillo, coordinateur humanitaire de l’ONU en Libye, ce 11 avril. « Plus de deux millions de personnes, dont 600 000 enfants, qui vivent à Tripoli, dans ses banlieues et les villes avoisinantes, souffrent d’une coupure d’eau depuis près d’une semaine », a-t-il également dénoncé.

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« L’eau ne doit jamais être utilisée comme moyen de pression ou comme une arme de guerre », a tonné le coordinateur de l’ONU, dénonçant des actes « répréhensibles », « déplorables » et « odieux », qui « punissent collectivement des millions d’innocents. » Habitués aux coupures depuis 2011, nombre de Tripolitains disposent de puits ou de groupes électrogènes. Mais pas tous.

Bombardement d’hôpitaux

Plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est déchiré par une lutte de pouvoir entre le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, dirigé par Fayez al-Sarraj et implanté à l’ouest, et l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.

Ce dernier a lancé une offensive en avril 2019 pour s’emparer de Tripoli. Un an plus tard, les combats se déroulent toujours aux portes de la capitale. À en croire Yakoub El Hillo, l’approvisionnement en eau a été coupé par un groupe armé local au niveau de la région d’al-Choueref, sous contrôle des pro-Haftar, « une tactique pour forcer la libération de leurs proches » détenus à Tripoli, d’après lui. L’homme se désole qu’aucune des médiations n’ait à ce stade abouti.

Un autre groupe armé a forcé la fermeture d’un gazoduc qui assure l’alimentation en gaz des centrales électriques dans tout l’ouest libyen, également dans une zone contrôlée par les pro-Haftar, provoquant des blackouts, selon la compagnie nationale d’électricité.

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Pour le GNA, aucun doute n’est permis : l’ANL est bel et bien derrière les coupures d’électricité et d’eau. Les soutiens de al-Sarraj reprochent à l’ONU, dans un communiqué publié samedi, de ne pas nommer explicitement le responsable de ces actes.

Officiellement, la Libye a confirmé 24 cas de contamination, dont un décès du Covid-19. Mardi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a « fermement condamné » les « bombardements intensifs de l’hôpital général Al Khadra à Tripoli. »

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