France : vers « la finale »

Publié le 19 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

L’élection présidentielle française est entrée dans sa phase sérieuse : à un peu plus d’un mois de son prédénouement – le premier tour se déroulera le 22 avril -, nul n’est en mesure de dire lesquels des trois favoris – Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou François Bayrou – disputeront le second tour.
On n’avait jamais assisté à pareil suspense : la fin du film approche, les personnages se sont tous exprimés et ont montré ce qu’ils ont dans le ventre, sans qu’on sache sur lequel (ou laquelle) d’entre eux se fixera la dernière image.
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Pour la première fois dans l’histoire du pays, une femme, Ségolène Royal, est entrée dans la course, s’est maintenue dans le peloton de tête et conserve des chances de l’emporter. Mieux : il y a peu, elle n’avait en face d’elle, au même niveau, que Nicolas Sarkozy, représentant de cette droite au pouvoir depuis bien longtemps ; le désir d’alternance des Français faisait alors de Madame Royal la favorite du scrutin.
Des erreurs tactiques répétées et des flottements dans son camp lui ont fait perdre ce statut et, à l’heure où j’écris ces lignes, beaucoup pensent qu’elle ne sera pas présente au second tour, que la finale opposera, comme toutes les fois précédentes, deux hommes
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À un mois et demi d’une finale aussi disputée, que peut dire Jeune Afrique à ceux de ses lecteurs qui s’intéressent à ce scrutin et l’observent de loin ?
Tout d’abord, que beaucoup d’eau coulera sous les ponts de la Seine d’ici au 6 mai, date de la finale : des coups de théâtre, sont possibles et même, d’une certaine manière, attendus.
Ensuite, que chacun des trois (probables) demi-finalistes a un capital égal ou supérieur à 20 % des suffrages ; ils sont suivis d’un quatrième, Jean-Marie Le Pen, crédité de quelque 15 %, tandis que la cohorte des petits candidats (de gauche et de droite) en rassemble en tout près de 12 %.
Qu’est-ce qui permettra à deux candidats de se détacher des autres, puis à l’un d’eux de prévaloir ?
Le résultat final sera déterminé, à mon avis, par deux facteurs principaux : gagnera celui ou celle qui aura disposé de la « machine électorale » la plus performante et qui aura montré aux électeurs et aux médias qu’il est le mieux préparé.
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Je mets à part Jean-Marie Le Pen : son positionnement à l’extrême droite et son âge (79 ans) conjuguent leurs effets pour l’empêcher de rééditer son exploit d’avril 2002 : je ne le vois pas accéder au second tour.
Restent Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Ils sont tous les trois au niveau de la fonction, à quelques petites différences près, difficiles à mesurer. Mais le plus et le mieux préparé des trois est incontestablement, qu’on lui soit favorable ou hostile, Nicolas Sarkozy.
En effet, Ségolène Royal ne s’est imaginée présidente qu’il y a un an ou deux, et François Bayrou, bien qu’il « laboure » depuis des années, n’a vu la perspective d’être président s’ouvrir devant lui qu’il y a peu de semaines.
Nicolas Sarkozy, lui, se prépare – y pense, y croit et y travaille – depuis dix ans ! Il a des réponses aux problèmes de son pays, un corps de doctrine et une vision qu’il expose avec clarté et éloquence. Et la machine électorale qu’il a mise en place s’est montrée jusqu’ici supérieure à celles de ses deux rivaux.
Atouts nécessaires et peut-être suffisants pour emporter la mise
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Cela dit, sachons-le : même s’il est éclairé, Nicolas Sarkozy est un homme de droite dont les convictions et les amitiés en France et à l’étranger – de Benyamin Netanyahou à Gianfranco Fini – sont de droite, voire d’extrême droite.
Le 22 avril ou le 6 mai prochains au soir, ceux qui, comme moi, se situent à gauche et auraient bien aimé voir la France de 2007 porter à sa tête une femme de gauche, devront, je le crains, constater que c’est « partie remise ».

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