D’un plan l’autre

Lancé au début de l’année, le XIe programme de développement vise une croissance de 6 % par an en moyenne sur la période 2007-2011.

Publié le 19 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

La Tunisie s’apprête à lancer officiellement son XIe plan de développement économique et social sur cinq ans. Sa mise en uvre a certes commencé le 1er janvier 2007, mais son examen et son approbation par le Parlement – le plan n’aura force de loi qu’après sa signature par le président de la République – devraient intervenir courant avril. Plus de 400 représentants d’entreprises devraient participer à un forum d’investissement les 21 et 22 juillet à Carthage (voir www.investintunisia.tn) alors que ceux des bailleurs de fonds et des pays partenaires sont conviés à une « journée d’information » le 14 juillet, à Tunis.
Invité le 8 mars à Paris conjointement par l’ambassade de Tunisie en France et la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA), Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, a dressé un premier bilan du Xe plan (2002-2006) et esquissé les grandes lignes du suivant. Qui mieux, en effet, que le « monsieur Plan » pour expliquer comment et pourquoi la Tunisie continue à gérer son économie à la manière « socialiste », alors que le monde bouge et que les budgets annuels sont souvent révisés en cours de route ?
Le plan à la tunisienne est un ensemble d’objectifs économiques et sociaux. Son élaboration commence par des notes d’orientation et des termes de référence proposés par le gouvernement aux représentants des vingt-quatre régions du pays (gouvernorats) et des cinq districts économiques. Il est discuté ensuite à l’échelle nationale. « Fruit d’un consensus, le plan de développement tunisien est un cadre flexible et dynamique des choix micro et macroéconomiques du pays », résume le ministre. À cette occasion, on dresse le bilan des dix dernières années et on trace les perspectives des dix années à venir dans le cadre d’une vision stratégique à long terme de vingt-cinq ans. Concrètement, le XIe plan couvre une période de cinq ans (2007-2011). Il est inséré dans une double perspective, une à moyen terme (2016) et une à long terme (horizon 2030). Sa mise en uvre est subdivisée en une suite de programmes « glissants » de trois ans avec des budgets économiques annuels. Pourquoi glissant ? On dresse le bilan et on corrige le tir une fois par an (selon la conjoncture économique nationale et mondiale) et à mi-parcours de chaque plan. « C’est ça la flexibilité et la spécificité de notre système de planification. Pour un pays sans beaucoup de ressources naturelles, nous ne pouvons pas laisser de place à l’erreur. Le plan assure la cohérence, évite les doubles emplois et organise la complémentarité entre les régions. » Le plan est un document en trois volumes : les politiques et les objectifs économiques globaux, les stratégies et les projets secteur par secteur et le développement régional.
Lancée au lendemain de l’indépendance (en 1956), cette façon de faire a été affinée et maîtrisée hier par le ministère du Plan, aujourd’hui par celui du Développement et de la Coopération internationale, qui s’appuie sur le travail de plusieurs centres de calculs, de recherches, d’enquêtes (niveau de vie et consommation des ménages) et de statistiques. L’improvisation est bannie et les réalisations doivent être aussi proches que possible des objectifs. Pour le IXe plan (1997-2001), l’écart entre le taux de croissance économique visé et atteint s’élève en moyenne à 0,7 % par an (5,3 % au lieu de 6 %). Pour le Xe, l’objectif a été empreint de modestie (5,5 %), mais la chance n’a pas été de son côté : l’écart est de 1 %, ce qui est beaucoup en termes économiques. Le PIB de l’année 2006 s’élève à 40,8 milliards de dinars, contre un objectif de 43,2 milliards (1 dinar = environ 0,60 euro ou 0,8 dollar). Le gouvernement a dû reporter 6 milliards de dinars d’investissements (41 milliards, au lieu de 47). Le ministre explique ces écarts par les retombées négatives des attentats du 11 septembre 2001, de la guerre en Irak, de la sécheresse (quatre années), ainsi que par la libéralisation du commerce international des textiles et la hausse des prix du pétrole.
Le prochain plan vise une croissance de 6 % par an, fondée sur moins d’impondérables (croissance de la productivité et des services liés aux nouvelles technologies) et plus de volontarisme du secteur privé national (30 milliards de dinars d’investissements de 2007 à 2011, contre 25 milliards pour le secteur public) et étranger (8,5 milliards). Rendez-vous en 2009 pour un premier bilan.

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