Thiam, Okonjo-Iweala, Kaberuka… : qu’attendre de la « Dream Team » de l’UA face au Covid-19 ?

Grâce à leurs carnets d’adresses inégalés et leurs expériences, Ngozi Okonjo-Iweala, Donald Kaberuka, Tidjane Thiam et Trevor Manuel ont pour mission de mobiliser le soutien économique international sur le continent dans la réponse africaine à la crise sanitaire.

Ngozi Okonjo-Iweala et Tidjane Thiam, en janvier 2014, lors du Forum économique mondial de Davos. © Remy Steinegger/World Economic Forum/ Licence CC

Ngozi Okonjo-Iweala et Tidjane Thiam, en janvier 2014, lors du Forum économique mondial de Davos. © Remy Steinegger/World Economic Forum/ Licence CC

AURELIE-MBIDA2-2024

Publié le 14 avril 2020 Lecture : 4 minutes.

Désignés dimanche 12 avril par Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine (UA), la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, le Rwandais Donald Kaberuka, le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam et le Sud-africain Trevor Manuel forment le quatuor d’élite de l’UA dans la lutte contre les conséquences économiques du coronavirus sur le continent.

En tant qu’envoyés spéciaux de l’organisation panafricaine, ils sont chargés de « mobiliser le soutien international aux efforts de l’Afrique pour relever les défis économiques auxquels les pays africains seront confrontés à la suite de la pandémie de Covid-19 », souligne l’UA dans son communiqué.

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Dans le détail, « les envoyés spéciaux » de l’UA vont solliciter un soutien rapide et concret du G20, de l’Union européenne ainsi que d’autres institutions financières internationales. Celles-ci « doivent soutenir les économies africaines qui sont confrontées à de sérieux défis économiques avec un plan de relance globale pour l’Afrique, y compris la dette différée et des paiements d’intérêts », a déclaré le chef de l’État sud-africain.

Cyril Ramaphosa rappelle que « l’impact et la portée de la pandémie de coronavirus ont été mondiaux, ce qui nécessite une action internationale coordonnée (…) plus particulièrement vis-à-vis des pays en développement qui continuent à assumer le fardeau de la pauvreté, des inégalités et du sous-développement ».

Des leaders aux profils « publics-privés »

À cet égard, et depuis le début de la propagation du Covid-19 sur le continent, FMI et Banque mondiale multiplient les annonces de soutien financier en Afrique. Ainsi, ce sont pas moins de 1,7 milliard de dollars qui sont espérés du FMI d’ici à la fin du mois d’avril. L’Union africaine entend donc, grâce au choix de ses quatre représentants, multiplier les aides et les mesures pour gérer efficacement les conséquences économiques de la pandémie sur le continent.

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Ainsi, Ngozi Okonjo-Iweala est économiste et experte en développement reconnue à l’international, notamment en ce qu’elle a été numéro 2 de la Banque mondiale (2007-2011), institution dans laquelle elle a débuté sa carrière dans les années 1980.  Deux fois ministre des Finances au Nigeria, de 2003 à 2006 sous Olusegun Obasanjo, puis de 2011 à 2015 sous la présidence de Goodluck Jonathan, Okonjo-Iweala était en première ligne pour tâcher de maintenir à flots les comptes de la première puissance économique africaine lors de la précédente chute mondiale des cours du pétrole en 2014-2015. Une gageure pour un pays dont 70 % des recettes dépendent de l’or noir.

La Nigériane, connue pour ses talents de négociatrice, a également œuvré à l’effacement de la dette nigériane avec le Club de Paris. Diplômée de Harvard et du MIT, Ngozi Okonjo-Iweala est par ailleurs très familière du secteur privé dans lequel elle a exercé divers mandats d’administratrice. On compte ainsi à son tableau d’honneur la Banque Lazard, Twitter, Standard Chartered Bank, la Fondation Rockefeller, mais également Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation qu’elle préside depuis 2016…

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Autre profil de technocrate bien introduit dans le privé Donald Kaberuka, ancien président de la Banque africaine de développement et longtemps ministres des Finances du RWanda (1997-2005). Ce dernier a été nommé envoyé spécial de l’Union africaine pour le financement durable de l’UA et le financement de la paix en Afrique.

Le prédécesseur du Nigérian Akinwumi Adesina, actuel président de la BAD sous le feu des projecteurs, a rejoint Harvard en 2015 et le Centre pour le leadership public (CPL), créé en 2000 pour former des dirigeants capables d’agir dans des environnements complexes et changeants. Comme sa consoeur nigériane, il s’est intéressé de très près à l’appui aux entreprises, notamment à travers ses fonctions de conseiller ou d’administrateurs de fonds d’investissements comme le kényan Centum ou TPG/Satya, co-fondé par l’américain TPG Growth et le britannique Satya Capital du milliardaire soudanais Mo Ibrahim.

Réseau et expertise

Fraîchement délié de ses obligations à la tête de Credit Suisse, le franco-ivoirien Tidjane Thiam bénéficie d’une réputation de solide homme d’affaires qui a mené de front le redressement de Credit Suisse de 2015 à février dernier, après avoir réformé l’assureur britannique Prudential.  Thiam dispose également d’une expérience de conseil en gestion après avoir notamment travaillé pour McKinsey. Aujourd’hui, il est annoncé au conseil d’administration du holding de luxe Kering.

Enfin, c’est un homme que le président de l’UA connaît bien qui boucle l’équipe d’émissaires désignée ce week-end. Trevor Manuel, détenteur du record de longévité au ministère sud-africain des Finances, qu’il a dirigé entre 1996 et 2009, avant de prendre la tête de la Commission nationale du plan (2009-2014). En 2018, il a été nommé « Envoyé pour l’investissement » par Cyril Ramaphosa pour mobiliser les financements locaux et internationaux dans le pays.

Trevor Manuel et Cyril Ramaphosa, alors respectivement président de la Commission nationale du Plan et vice-président de l'ANC, en février 2013. © GovernmentZA/Flickr/Licence CC

Trevor Manuel et Cyril Ramaphosa, alors respectivement président de la Commission nationale du Plan et vice-président de l'ANC, en février 2013. © GovernmentZA/Flickr/Licence CC

À propos de ces choix, le président de l’UA a assuré que « la nomination des envoyés spéciaux accélérerait le processus d’obtention d’un soutien économique pour permettre aux pays du continent de réagir rapidement à cette urgence de santé publique. (Ils) apportent avec eux une expérience et jouissent de relations de longue date dans la communauté financière internationale »

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