Le coronavirus fige la filière diamant
Confinement en Inde, diminution des dessertes internationales… Du fait de l’épidémie, les diamantaires, notamment De Beers, sont confrontés au double défi de faire tailler leurs pierres et de les vendre.
![Un ouvrier examine un diamant brut dans un atelier de Gaborone (Botswana) © Themba Hadebe/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/04/15/sipa_ap20702811_000005.jpg)
Un ouvrier examine un diamant brut dans un atelier de Gaborone (Botswana) © Themba Hadebe/AP/SIPA
Le confinement de l’Inde, mis en place le 24 mars, a donné un coup d’arrêt à la filière diamant, notamment en Afrique, d’où proviennent près de la moitié des diamants naturels.
La ville de Surate, dans l’État du Gujarat, est en effet devenue le centre mondial de la taille de ces pierres précieuses : 90 % des diamants du globe – et notamment ceux du Botswana, d’Afrique du Sud, et de la RDC, les trois principaux producteurs du continent – transitent par le sous-continent.
Trafic aérien bloqué
Depuis l’entrée en vigueur du confinement, qui vient d’être prolongé jusqu’au 3 mai par le Premier ministre, Narendra Modri, toute l’industrie de la taille et du polissage de diamant s’est figée à Surate : les avions transportant les pierres brutes n’atterrissent plus dans la ville gujarati, et les tailleurs sont rentrés chez eux.
À cause de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement botswanais a en outre mis fin aux vols en provenance de 18 pays, dont l’Inde, la Chine, mais aussi la Belgique, un autre pays clefs pour la taille des diamants haut de gamme, ce qui place De Beers, le géant de la filière DeBeers, face à une double difficulté : l’impossibilité de faire tailler ses diamants et celle de vendre ceux qui sont déjà prêts.
![Part de l'Afrique dans la production mondiale de diamants © Jeune Afrique](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1080,height=1124,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/04/15/proddiams_2.jpg)
Part de l'Afrique dans la production mondiale de diamants © Jeune Afrique
C’est en effet au Botswana – d’où il tire 60 % de ses diamants – que le producteur a choisi comme centre de tri et de ventes de l’ensemble de ses pierres précieuses, qu’elles proviennent du Botswana, mais aussi de Namibie, d’Afrique du Sud et du Canada.
Or, les rares ateliers de taille de Gaborone ne peuvent prendre en charge que certains diamants de qualité intermédiaire, ne représentant pas plus de 10 % de la production de DeBeers.
Une chute des ventes amorcée avant même l’épidémie
Mais surtout, le groupe ne peut presque plus vendre ses diamants, mêmes ceux déjà taillés. Le géant anglais, né en Afrique du Sud, a dû annuler sa session de vente du 30 mars à Gaborone, et devra très probablement reporter celle de fin avril : la majorité de ses acheteurs référencés ne peut plus – ou ne souhaite plus – prendre l’avion pour Gaborone et juger in situ la qualité des pierres avant de faire une offre.
L’année 2020 risque d’être catastrophique, tant pour les deux géants du secteur – DeBeers et le russe Alrosa – qui détiennent à eux deux plus de la moitié du marché – mais aussi pour les acteurs de plus petite taille, plus actifs notamment en Angola, en RDC et en Afrique de l’Ouest.
Depuis septembre dernier, les groupes diamantaires ont déjà fait face à une baisse de leurs ventes liée aux tensions internationales, notamment entre la Chine et les États-Unis. Avec la pandémie, la demande risque d’être encore plus affectée.
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