Coronavirus : le FMI prévoit une récession historique en Afrique

« Aucun pays ne sera épargné » par la crise, prévient le FMI qui prévoit une récession de 1,6 % en 2020, avant un rebond possible de 4 % en 2021.

Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à Washington en octobre 2019. © Jose Luis Magana/AP/SIPA

Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à Washington en octobre 2019. © Jose Luis Magana/AP/SIPA

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 15 avril 2020 Lecture : 3 minutes.

« L’Afrique subsaharienne est confrontée à une crise sanitaire et économique sans précédent qui menace de faire trébucher la région et d’inverser les progrès constatés ces dernières années sur le front du développement », peut-on lire en ouverture des Perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne, intitulées Covid-19 : une menace sans précédent pour le développement, publiées par le FMI le 15 avril. Ses auteurs ajoutent : « Aucun pays ne sera épargné ».

Sous l’effet de la crise sanitaire (6 200 cas diagnostiqués dans 43 pays) et de la quasi mise à l’arrêt des économies par le confinement protecteur des populations, une récession de 1,6 % – « le pire résultat jamais enregistré » – est prévisible cette année contre une croissance de 3,1 % en 2019. Souffriront particulièrement les pays pétroliers ainsi que les pays très dépendants des matières premières et du tourisme.

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Les cinq pays les plus touchés seraient les Seychelles (-10,8 %), le Zimbabwe (-7,4 %), Maurice (- 6,8 %), Sao Tomé et Principe (- 6 %) et l’Afrique du Sud (-5,8 %). A contrario, le Soudan du Sud (+4,9 %), le Bénin (+4,5 %), le Rwanda (+3,5 %), l’Ouganda (+3,5 %) et l’Éthiopie (+3,2 %) devraient rester relativement épargnés par la crise.

Donner la priorité à la santé

Le FMI espère une reprise de quelque 4 % en 2021, si la pandémie s’estompe au deuxième semestre de cette année. Tous les pays retrouveraient alors une croissance positive, la Côte d’Ivoire obtenant le ruban bleu de l’Afrique subsaharienne avec + 8,7 %. Toutefois, les projections du FMI permettent de mesurer l’étendue des dégâts : en 2024, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la zone sera toujours inférieur de 4,5 % à ce qu’il était avant l’arrivée du Covid-19.

Le Fonds recommande aux 45 pays d’Afrique subsaharienne de donner la priorité à la santé en lui consacrant une plus grande partie de leurs budgets.

Il insiste aussi sur la nécessité de soutenir les catégories les plus vulnérables qui sont les premières victimes économiques du confinement et les entreprises fragilisées en ciblant d’abord les secteurs les plus touchés comme le transport aérien et l’hôtellerie. Faute de moyens budgétaires suffisants, le recours à l’emprunt semble inévitable et le poids de la dette par rapport au PIB de l’Afrique subsaharienne qui devait reculer de 58 % en 2019 à 56 % en 2020 remonterait à 64 %.

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Il se félicite que beaucoup de pays aient pris, comme en matière sanitaire, les devants pour amortir le choc. Il encourage à imiter le Niger qui a décidé d’augmenter ses dépenses budgétaires de 7,4 % de son PIB ou la Côte d’Ivoire (4,7 % de son PIB). Il liste les mesures de soutien déjà mises en place par certains pays : réductions d’impôts, allongement des délais de paiement des impôts, exonération ou report des charges sociales, transferts monétaires au profit des familles les plus pauvres, aides en nature, gratuité de l’eau ou de l’électricité, prêts à taux bonifiés, suspension des remboursements de prêts…

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Un contrôle provisoire des flux de capitaux préconisé

Le FMI conseille aux banques centrales d’assouplir leurs politiques monétaires (baisse des taux d’intérêt), de fournir des liquidités suffisantes aux banques privées afin que celles-ci répondent aux besoins de crédits des PME. Pour contrer les fuites de capitaux dangereuses (4,2 milliards de dollars d’investissements en portefeuille ont quitté la région depuis février 2020, « du jamais vu »), le Fonds va jusqu’à préconiser un contrôle provisoire des flux de capitaux là où ce sera nécessaire.

Malheureusement l’Afrique subsaharienne, dont le dynamisme était toujours bridé depuis 2014 par la chute des prix des matières premières, ne dispose pas de réserves pour affronter seule la crise. C’est pourquoi le rapport reprend les demandes pressantes du FMI et de la Banque mondiale qui appellent la communauté internationale à aider massivement les pays en grande difficulté et à reporter ou annuler leurs dettes, afin de leur permettre de dégager des moyens budgétaires pour surmonter la crise.

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