Coronavirus : l’Algérie enregistrera le pire déficit budgétaire de la région, prévient le FMI
Chute des prix du pétrole et pandémie provoqueront une récession dans la majorité des pays du nord de l’Afrique en 2020, indique le FMI dans sa dernière publication.
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié, le 15 avril, des prévisions pour l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie centrale sous le titre Faire face à la pandémie de Covid-19. Elles sont inquiétantes puisque le Fonds s’attend en 2020 à une récession de 3,1 % pour les 31 pays analysés alors que la croissance y avait été de +1,2 % en 2019.
« Outre les effets dévastateurs sur la santé des populations, la pandémie de Covid-19 et la chute des prix du pétrole [de 50 % depuis le début de l’année et au plus bas depuis 2001] causent des turbulences économiques considérables dans la région par la voie de chocs simultanés sur l’offre et la demande », explique le rapport.
Baisse de la demande : un manque à gagner de 425 milliards de dollars
La pandémie a fortement perturbé les échanges commerciaux. Les mesures d’endiguement des pays industrialisés ont réduit la demande extérieure. Les consommateurs sont confinés et les chaînes de valeur, désorganisées. Il en coûtera à la région un manque à gagner de 425 milliards de dollars. La situation est pire que durant la crise financière mondiale de 2008.
Les pays ont réagi par une augmentation des dépenses de santé, pour protéger les vies. De nombreux gouvernements ont annoncé des mesures de soutien budgétaire à l’activité économique. Les déficits budgétaires devraient dépasser les 10 % du PIB dans la plupart des pays. Les pays exportateurs de pétrole qui perdront quelque 250 milliards de dollars de recettes. Les pays importateurs de pétrole souffriront d’une baisse des envois de leurs émigrés et des investissements étrangers. La dette publique de la région devrait augmenter jusqu’à 95 % du PIB.
Les parades à la crise seront délicates à mettre en place. Le FMI estime que « les pouvoirs publics doivent chercher à protéger les moteurs de la croissance, en atténuant les répercussions sur les ménages, les secteurs durement touchés et les PME ». Filets de protection sociale, subventions et allègements fiscaux sont souhaitables « de manière temporaire et ciblée ».
(Légère) croissance maintenue en Égypte et à Djibouti
Le diagnostic et les préconisations s’appliquent évidemment aux neuf pays africains de la zone. Ceux qui souffrent le plus sont les deux pays exportateurs net de pétrole, la Libye en plein chaos politique et militaire s’effondrerait de – 58,7 % (+9,9 % en 2019) et l’Algérie reculerait de -5,2 % (+0,7 %).
Les pays importateurs de pétrole sont moins touchés : l’Égypte progresserait encore de +2 % (+5,6 % en 2019) et Djibouti de +1 % (+7,5 %) ; les autres basculeraient dans le rouge, soit -2 % pour la Mauritanie (+5,9 %), -2,5 % pour la Somalie (+2,9 %), -3,7 % pour le Maroc (+2,2 %), -4,3 % pour la Tunisie (+1 %) et -7,2 % pour le Soudan (-2,5 %).
Quand on compare d’autres paramètres macro-économiques de ces neuf pays, certaines singularités apparaissent. C’est Djibouti qui semble le mieux s’en sortir puisque non seulement sa croissance demeurerait faiblement positive, mais il est aussi celui qui limite le plus efficacement son inflation (+2,9%), ses déficits budgétaires (-2,7 % du PIB) et ceux de sa balance courante (-0,8 % du PIB).
Le Soudan, lui, cumulerait la plus forte récession et l’inflation la plus forte (+81,3%). L’Algérie enregistrerait le pire déficit budgétaire (-20% du PIB) et le déficit le plus élevé de la balance courante (-18,3% du PIB).
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