« La Prière des oiseaux » : l’orchestre des minorités sous la plume de Chigozie Obioma

Le Nigérian Chigozie Obioma, finaliste du Booker Prize pour « Les Pêcheurs », revient avec une odyssée moderne époustouflante : « La Prière des oiseaux ». De la littérature de haut vol.

Le Nigérian Chigozie Obioma, en avril 2019. © Laurent DENIMAL/Opale via Leemage 

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La totalite du reportage est disponible en agence ou sur le site www.leemage.com

Le Nigérian Chigozie Obioma, en avril 2019. © Laurent DENIMAL/Opale via Leemage _ La totalite du reportage est disponible en agence ou sur le site www.leemage.com

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 20 avril 2020 Lecture : 6 minutes.

Avec Les Pêcheurs, paru en français en 2016, le Nigérian Chigozie Obioma faisait irruption avec fracas sur la scène littéraire mondiale. Puissant et tragique, porté par une écriture d’un rare classicisme, ce premier roman écrit par un jeune homme qui n’avait pas encore 30 ans se rangeait déjà dans la catégorie « chefs-d’œuvre ».

Et comme souvent dans ces cas-là, il paraissait difficile d’imaginer que l’auteur puisse, à l’avenir, se montrer à la hauteur de son extraordinaire talent. Il n’aura fallu que quelques années de patience pour constater à quel point l’on se trompait : son second roman, qui vient de paraître en français sous le titre La Prière des oiseaux, relève lui aussi de la prouesse.

Aujourd’hui âgé de 36 ans, le romancier, qui enseigne désormais le creative writing aux États-Unis, a réussi à marier tragédie grecque, cosmologie igbo et histoire d’amour en une vaste épopée contemporaine.

Comme toute tragédie qui se respecte, La Prière des oiseaux commence par l’annonce d’un drame à venir. Ici, la cassandre n’est autre que le «chi» – en quelque sorte le tuteur spirituel qui habite le corps de chaque personne – du héros, Chinonso Solomon Olisa, éleveur de poules de son état.

Dès la deuxième page du roman, ce chi qui est aussi le narrateur de l’histoire s’adresse ainsi à Chukwu, la divinité suprême des Igbos : « Je viens intercéder en faveur de mon hôte car l’acte qu’il a commis est de ceux pour lesquels Ala, gardienne de la terre, exige rétribution… Car Ala interdit à quiconque de tuer femme ou femelle enceinte… […] Voilà pourquoi je suis venu en hâte témoigner de tout ce que j’ai vu et vous convaincre, toi et la glorieuse déesse, que, si mes craintes se confirment, alors, sachez-le, il n’a commis ce crime suprême qu’à son insu et malgré lui… »

Cruelle et délicieuse torture

En démiurge littéraire, Chigozie Obioma impose d’emblée à son lecteur cette cruelle et délicieuse torture : connaître le destin du personnage principal… sans savoir exactement comment et pourquoi il ne pourra pas lui échapper. Cette tension dramatique, qui souvent serre à la gorge, Chigozie Obioma parvient à la maintenir jusqu’aux dernières pages d’une odyssée qui en compte plus de 500.

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