RDC : l’alliance Cach peut-elle survivre à l’arrestation de Vital Kamerhe ?
La tension provoquée par l’incarcération de Vital Kamerhe semble provisoirement redescendue à Kinshasa, mais la question demeure : déjà minée par les rivalités entre l’UDPS et l’UNC, la coalition Cach, qui a conduit Félix Tshisekedi au pouvoir, peut-elle ressortir indemne de cette affaire ?
Affaire Vital Kamerhe en RDC : un directeur de cabinet face à la justice
Le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi est soupçonné de détournement de fonds publics dans le cadre de la gestion du Programme des cent jours. Tous nos articles sur une affaire qui embarrasse le pouvoir congolais.
Il est 19 heures passées, ce mercredi 8 avril, lorsque les premières rumeurs affluent. Vital Kamerhe, puissant directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et patron de l’Union pour la nation congolaise (UNC), serait en route pour la prison centrale de Makala. L’information, rapidement confirmée, fait l’effet d’une bombe.
Dans les rangs de l’UNC, la réaction est épidermique. Kamerhe n’a pas encore pris place dans sa cellule collective du pavillon 8 que certains élus, réunis ce soir-là au domicile de l’un des cadres du parti, parlent déjà d’un « piège », voire d’un « complot ». « Peut-on vraiment croire que le fait que Vital Kamerhe ait été transféré alors qu’une délégation de l’UNC sortait à peine d’un rendez-vous avec le président soit une pure coïncidence ? » fulmine un député UNC, évoquant la rencontre organisée quelques heures plus tôt entre le président Félix Tshisekedi et des cadres du parti inquiets. « On a été piégés, ajoute-t-il. C’est un coup dur qui pourrait être fatal à la coalition Cach [Cap pour le changement, formée par l’UNC et l’Union pour la démocratie et le progrès social – UDPS, parti présidentiel]. »
En détention provisoire depuis le 8 avril, Vital Kamerhe est soupçonné d’avoir « détourné des fonds de l’État en passant par l’attribution de marchés publics de gré à gré » – des accusations formulées dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds alloués à l’ambitieux « programme des 100 jours », lancé par Félix Tshisekedi en mars 2019. Les magistrats chargés de l’affaire ont refusé sa mise en liberté provisoire, estimant que pesaient contre lui de « sérieux indices de culpabilité ».
Son arrestation après plus de cinq heures d’audition a provoqué un séisme dans la sphère politique congolaise. Signe du « renforcement de l’État de droit » pour les uns, d’une « manipulation politique » pour les autres, l’incarcération de Vital Kamerhe intervient dans un contexte délicat pour Cach. Formée à Nairobi en novembre 2018, la coalition présidentielle montre, depuis plusieurs mois, d’inquiétants signes de fragilité.
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