Où va le cinéma africain ?

Le 24 février s’ouvre dans la capitale du Burkina la vingtième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. L’occasion pour Jeune Afrique de revenir sur les grands moments d’une manifestation unique en son genre et de fa

Publié le 19 février 2007 Lecture : 3 minutes.

A partir du 24 février, et jusqu’au 3 mars, le plus grand festival de cinéma africain, le Fespaco, rassemblera à Ouagadougou pour sa vingtième édition près de 5 000 passionnés du septième art. Dans cette manifestation unique en son genre, où l’on célèbre l’amour du cinéma dans une atmosphère de fête à travers toute la ville, les professionnels – réalisateurs, comédiens, critiques, etc. – côtoient en permanence les « simples » cinéphiles. Tous ont l’occasion de voir pendant un peu plus d’une semaine non seulement les vingt films en compétition pour remporter l’Étalon de Yennenga, mais aussi diverses sélections de films permettant de découvrir l’essentiel de la production récente du continent. Et de participer à de nombreux débats sur la situation du cinéma au sud comme au nord du Sahara. Avec, cette année, un accent mis sur la question de la diversité culturelle au sein du septième art, qui fera l’objet d’un colloque.
Comment se porte aujourd’hui le cinéma africain ? Les pessimistes remarquent que sa visibilité au niveau international a nettement reculé par rapport à ce qu’elle fut dans les années 1980 et 1990, quand, sans oublier les pionniers comme le Sénégalais Sembene Ousmane, on célébrait dans le monde entier le talent des Maliens Souleymane Cissé et Cheikh Omar Sissoko ou des Burkinabè Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré, régulièrement récompensés dans de nombreux festivals de premier plan. Ils regrettent aussi qu’il soit de plus en plus difficile de voir de vrais films d’auteur africains dans de véritables salles en raison de la faiblesse des réseaux de distribution et de la disparition progressive des cinémas dans de nombreux pays.
Mais les optimistes ne manquent pas d’arguments pour dresser un portrait nettement plus souriant du cinéma africain de ce début de XXIe siècle. Si les grands anciens ont pour la plupart cessé de tourner, du moins pour l’instant, une nouvelle génération d’auteurs talentueux est apparue, avec comme chefs de file des réalisateurs tels que le Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a obtenu un succès critique et même public il y a quelques mois lors de la sortie de Bamako, ou le Tchadien Mahamat Saleh Haroun, Prix spécial du jury à Venise en septembre dernier avec Daratt. Et cette génération devrait vite devenir prolifique grâce aux vertus des techniques numériques, moins coûteuses et d’accès plus facile, qui permettront de plus en plus aux auteurs africains de réaliser des films malgré les contraintes budgétaires. Par ailleurs, certains pays, comme aux trois extrémités du continent le Maroc, l’Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, l’Égypte, ont montré récemment que quand l’État soutient le septième art, l’industrie cinématographique locale et les créateurs nationaux se retrouvent – ou reviennent – vite au premier plan.
C’est donc résolument dans le second camp, celui des optimistes, que se rangent sans surprise les auteurs de ce dossier sur l’état du cinéma africain à la veille du Fespaco et la plupart des personnalités africaines qu’ils ont interrogées. Baba Hama, le délégué général de la manifestation, répondant à nos questions, souligne d’abord à quel point la création cinématographique reste vivace sur le continent. Même si le cinéma africain est pour l’instant moins à la mode au niveau international, il n’a rien perdu de son dynamisme. Le Fespaco a été d’ailleurs créé par quelques passionnés, comme le raconte ci-après Férid Boughedir, présent lors de ses premiers pas au tournant des années 1960, pour témoigner de ce dynamisme et l’entretenir. Il est donc plus que jamais un « outil » nécessaire. Et c’est au sein même de la manifestation qu’on a vu monter en puissance ces dernières années de nouveaux genres cinématographiques et de nouvelles terres de cinéma. Le documentaire, ainsi, est devenu en l’espace de quelques années un genre majeur au Fespaco et sur tous les écrans de la planète, comme nous l’explique Jean-Michel Djian. Et si l’Afrique du Sud, où Vincent Malausa est allé enquêter, fut le pays le mieux représenté dans la compétition lors de la dernière édition en 2005, ce n’était pas l’effet d’un heureux hasard : le pays de Nelson Mandela a su secréter et soutenir une nouvelle génération de jeunes talents dont les uvres se font et se feront de plus en plus remarquer.

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