L’euthanasie jusqu’où ?

Publié le 19 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Avec le prolongement de la vie, la plupart des décès surviennent maintenant en Europe à des âges élevés, voire très élevés. L’offre médicale s’est parallèlement beaucoup élargie et les soins palliatifs se sont perfectionnés. De leur côté, de plus en plus de patients souhaitent « avoir droit à une mort digne » plutôt que de survivre à tout prix.

Les professionnels de la santé sont ainsi souvent conduits à prendre des décisions médicales susceptibles d’abréger la vie de leurs patients. Un débat sur les droits des malades en phase terminale et sur l’acceptabilité de l’euthanasie et des autres décisions médicales de fin de vie a eu lieu dans plusieurs pays. Les Parlements néerlandais et belge ont voté des lois en faveur de l’euthanasie en 2001 et 2002. En Suisse, le suicide assisté est implicitement autorisé depuis longtemps et, aux Pays-Bas, il a été légalisé par la loi de 2001 entrée en application en 2002. En France, une loi votée en avril 2005 et mise en application en février 2006 autorise les médecins à renoncer à tout traitement médical inutile ou à intensifier le traitement de la douleur, même si cela a pour effet non intentionnel de hâter la mort.
L’enquête Eureld (European End-of-Life Decisions), dont rend compte Population et Sociétés, le bulletin mensuel de l’Institut national d’études démographiques, a étudié en 2002 la fréquence de telles décisions dans six pays d’Europe : Belgique, Danemark, Italie, Pays-Bas, Suède et Suisse.

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Dans tous ces pays, environ un tiers des décès sont survenus soudainement et de façon inattendue, ce qui exclut toute intervention médicale. La mort a été précédée d’une ou plusieurs décisions de fin de vie, susceptibles d’avoir abrégé la vie du patient, dans un à deux tiers des cas restants. En considérant l’ensemble des décès, cela représente entre un quart et la moitié des cas selon les pays (23 % en Italie, 51 % en Suisse). Ces décisions médicales concernent d’abord la mise en uvre de traitements de la douleur, dont un des effets peut être d’abréger la vie (19 % de l’ensemble des décès en Italie, 26 % au Danemark). Ce sont ensuite des décisions de ne pas appliquer, ou d’interrompre un traitement, rares en Italie (4 % des décès), mais plutôt fréquentes ailleurs : environ 14 % des décès en Suède, au Danemark et en Belgique, 20 % aux Pays-Bas, et 28 % en Suisse. Enfin, le décès assisté par le médecin, avec administration d’une substance dans l’intention explicite de hâter la mort, est beaucoup moins fréquent, même s’il existe dans tous les pays : d’après les déclarations des médecins, il représente de 0,1 % des décès en Italie à 1,8 % en Belgique et 3,4 % aux Pays-Bas, alors même que ces deux pays n’avaient pas légalisé l’euthanasie à l’époque de l’enquête.

Il semble cependant, selon Population et Sociétés, que les décisions de fin de vie ne sont pas toujours prises de façon adéquate, notamment avec la participation des membres de la famille, et qu’il faudrait davantage de « données pour asseoir ce processus sur des bases solides ».

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