Les Allemands aussi
Pour la première fois depuis quatre décennies, le pays d’Angela Merkel a vu le flux des départs excéder celui des retours.
Publié le 19 février 2007 Lecture : 1 minute.
L’Europe reçoit des migrants du monde entier, mais elle a aussi ses propres émigrés. Certes, le mouvement n’a pas l’ampleur de celui qui a accompagné la Révolution industrielle au XIXe siècle. Ce ne sont plus des masses de déshérités qui vont chercher fortune aux quatre coins de la planète, mais des cadres et des techniciens qui veulent profiter des opportunités qu’offre tel ou tel pays à un moment donné. C’est le cas des Français, très nombreux depuis quelques années à s’établir en Grande-Bretagne. On en compte pas moins de 300 000 rien qu’à Londres. Les Britanniques, de leur côté, ont été 200 000 à quitter leur pays en 2005 (voir J.A. n° 2405, p. 39).
Le phénomène n’épargne pas l’Allemagne. En 2005, 144 800 de ses ressortissants ont choisi d’émigrer, contre 109 500 en 2001. En tête des destinations les plus prisées, la Suisse et les États-Unis, suivis par l’Autriche, la Pologne et le Royaume-Uni. Comme, dans le même temps, seuls 128 100 Allemands sont revenus dans leur patrie (contre quelque 158 000 quatre ans auparavant), c’est la première fois depuis quatre décennies que le flux des départs excède celui des retours.
L’annonce de ces chiffres a produit un choc dans un pays confronté plus que tout autre en Europe occidentale au déclin démographique et au vieillissement de sa population. Tout aussi inquiétantes sont les raisons qui poussent les gens à s’expatrier. Il y a quinze ans, au lendemain de la chute du mur de Berlin, le gros des émigrés était constitué de travailleurs non qualifiés originaires des régions économiquement sinistrées de l’ancienne République démocratique allemande (RDA) qui trouvaient à s’employer dans la restauration en Suisse et en Autriche. Aujourd’hui, ce n’est pas tant le chômage que les rigidités du monde du travail qui poussent des ingénieurs ou des chercheurs à aller tenter leur chance ailleurs. Le secteur de la santé est particulièrement touché : quelque 2 300 médecins ont quitté le pays en 2005.
