[Édito] 17 avril 2000 : le jour où Paul Kagame est devenu président du Rwanda

En 20 ans de règne, Paul Kagame aura acquis une influence et une notoriété sans commune mesure avec la taille de son « petit pays », ressuscité au lendemain d’un génocide. Une longévité souvent critiquée mais qui ne dit pas l’essentiel sur le rapport que cet homme secret entretient avec le pouvoir : la capacité qu’il offre de transformer en profondeur la société.

Le nouveau président rwandais Paul Kagame et le Premier ministre Bernard Makuza, le 17 avril 2000 à Kigali. © MARCO LONGARI / AFP

Le nouveau président rwandais Paul Kagame et le Premier ministre Bernard Makuza, le 17 avril 2000 à Kigali. © MARCO LONGARI / AFP

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Publié le 17 avril 2020 Lecture : 5 minutes.

Rien n’était prévu à Kigali pour marquer, ce 17 avril, le vingtième anniversaire de l’accession de Paul Kagame à la présidence de la République – et pas seulement pour des raisons de confinement. « Les célébrations, ce n’est pas le genre du boss, explique un dirigeant du parti au pouvoir. Et tant qu’à faire, c’est la date du 25 août 2003, quand il a été réélu au suffrage universel, qui fait sens. Là, ce n’était que par le Parlement. »

Comme chaque année, le 17 avril sera donc un jour ordinaire et, même si une génération est arrivée à maturité depuis sa première investiture en tant que chef de l’État, la grande majorité des Rwandais estime que Paul Kagame occupait de facto ce poste depuis la fin de la guerre de libération, en juillet 1994.

Table rase

Du trinôme installé à la tête d’un pays exsangue, sur les cendres de l’épouvantable génocide des Tutsi, il ne reste que lui, à l’époque vice-président et ministre de la Défense. Victimes de leurs jeux politiciens, incapables de modifier leurs logiciels mentaux et de comprendre à quel point l’apocalypse génocidaire obligeait à faire table rase du passé et du repli identitaire, Pasteur Bizimungu et Faustin Twagiramungu ont dû quitter la scène.

Le premier, démissionnaire le 23 mars 2000 après des années de cohabitation acide avec le Front patriotique rwandais (FPR), tant les désaccords sur la politique dite de réconciliation avaient fini par atteindre un point de non-retour, fera une brève carrière d’opposant et connaîtra les rigueurs de la prison. Gracié en 2007, l’ancien président vit depuis à Kigali, retiré à 70 ans de la politique, effacé et mutique.

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