Glencore met sa filière cuivre-cobalt au ralenti

Du fait de la chute des cours, le géant suisse a décidé de suspendre l’activité de sa mine de Mopani, en Zambie, dans l’attente de jours meilleurs. Une décision qui fait suite à la suspension des activités à Mutanda, en RDC, l’an dernier, et que les autorités locales ont peu appréciée.

Mine de cuivre de Glencore au Katanga © Glencore

Mine de cuivre de Glencore au Katanga © Glencore

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 17 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Avec l’épidémie de coronavirus actuelle, Glencore, géant suisse des matières premières piloté par le Sud-Africain Ivan Glasenberg, continue de réduire sa voilure dans la ceinture africaine du cuivre, à cheval sur la RDC et la Zambie.

En août 2019, Glencore avait déjà suspendu les activités de sa mine de Mutanda, près de Kolwezi, la plus grosse mine de cobalt au monde. En 2018, cette mine avait produit 27 000 tonnes de cobalt, ainsi que quelque 200 000 tonnes de cuivre.

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Mais sa production était jugée trop peu rentable après le krach que venait à l’époque de subir le cours du cobalt – utilisé pour la fabrication des véhicules électriques, le minerai avait fait l’objet de fortes spéculations. Glencore assurait donc vouloir remettre à niveau ses installations.

Plusieurs heures de détention pour le patron de la mine zambienne

Le 7 avril dernier, pour des raisons similaires et alors que les cours du cuivre sont bas – 5 119 dollars la tonne ce 16 avril, contre plus de 6 300 dollars fin janvier – et que le cobalt ne s’est guère relevé, le groupe suisse vient de procéder à la fermeture du site de Mopani, en Zambie. Un arrêt d’activité jugé intempestif par les autorités de Lusaka qui, le 14 avril, ont placé en détention, pendant plusieurs heures, le patron de la mine, l’Australien Nathan Bullock, au motif que le groupe minier n’aurait averti les autorités de sa décision qu’au dernier moment et de manière imprécise.

Après l’arrêt de Mopani, qui a produit près 119 000 tonnes de cuivre et environ 2000 tonnes de cobalt en 2018, Glencore ne dispose désormais plus que d’une seule mine en exploitation dans la région, celle de Kamoto, en RDC, aux mains de sa filiale Katanga Mining, également proche de Kolwezi.

Du fait de l’épidémie de coronavirus et notamment d’un confinement de trois jours début avril, son rythme de production annuel – 234 000 tonnes de cuivre et 17 000 de cobalt en 2019– a été revu à la baisse, même si Glencore, contacté par Jeune Afrique, refuse de communiquer le rythme extractif actuel.

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Pertes d’emplois et d’entrées fiscales

Le groupe suisse, dont les activités minières arrivent loin derrière celles de négoce, est coutumier des décisions abruptes d’arrêt de production en fonction des conditions de marché. Une culture d’entreprise qui lui a valu de multiples conflits avec les autorités des deux pays de la ceinture africaine du cuivre.

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Au-delà des contributions fiscales majeures perdues du fait de la fermeture – environ 1,3 milliard de dollars en 2018 pour la RDC du fait de l’rrêt de Mutanda – les mines de Glencore sont de gros employeurs : pas moins de 6 000 salariés directs et indirects se sont soudainement retrouvés sans activité à Mutanda, et ils sont autour 11 000 à Mopani.

Si le groupe d’Ivan Glasenberg, basé dans le discret canton suisse de Zoug, fait valoir à Jeune Afrique ses investissements massifs en RDC et en Zambie – pour permettre de redémarrer à plein régime une fois que les cours seront revenus au beau fixe – l’épidémie de coronavirus ralentit aussi les opérations de maintenance et de développement, y compris à Kamoto, où le groupe indique un retard dans la construction de sa nouvelle usine de production d’acide sulfurique, utilisé pour le traitement des minerais.

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