Aide fictive

Publié le 19 février 2007 Lecture : 1 minute.

Parmi les nombreuses priorités de son second mandat, le relèvement du volume de l’Aide publique au développement (APD) de la France devait être pour Jacques Chirac la traduction sonnante et trébuchante de son engagement vis-à-vis de l’Afrique. Cinq ans après, l’essai a été transformé, en apparence.
Après être tombé à 0,32 % du PIB en 2001, le niveau de l’aide a connu une progression constante pour atteindre 0,47 % en 2006. Il devrait se situer à 0,5 % cette année, soit 9,1 milliards d’euros. Si elle était confirmée par son successeur, cette tendance permettrait de franchir le cap symbolique de 0,7 % à partir de 2012. À cette date, la France serait alors le premier contributeur du G8 en matière de développement et se situerait dans le peloton de tête des pays du Comité aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), derrière les pays de l’Europe du Nord, mais loin devant l’Allemagne, les États-Unis ou le Japon.

Mais cette embellie n’est-elle pas en partie artificielle ? De nombreuses incertitudes pèsent, en effet, sur ces projections en raison de l’emprise des annulations de dette, qui semblent être le nouveau périmètre de l’action de la France dans la lutte contre la pauvreté et sans lesquelles les objectifs de hausse n’auraient pu être atteints. Jamais ces annulations n’avaient été aussi élevées. En 2006, elles représentaient 35 % de l’aide globale, contre 12 % de 1995 à 2001, soit 2,8 milliards d’euros (500 millions pour le seul Irak). Une part croissante dont les effets positifs pour les pays bénéficiaires ne sont d’ailleurs toujours pas bien cernés.
Alors qu’ils soulèvent chaque année un certain nombre de réserves, voire de critiques lors de l’examen de la loi de finances, ces « aménagements » nuisent sérieusement à une lecture cohérente de la politique française en faveur du développement et appellent à plus de clarté. Un problème d’autant plus sérieux que l’APD risque de chuter une fois que le stock de dettes pouvant faire l’objet d’une annulation aura disparu.

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