Tout reste à faire

Les pouvoirs publics font preuve de bonne volonté pour scolariser les jeunes enfants et réduire l’analphabétisme des adultes.

Publié le 16 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Adiatou et ses deux frères n’ont jamais été scolarisés. Faute de place. L’école du village de Farekaina, située dans une région rurale à l’est de Niamey, ne peut en effet accueillir que le tiers des enfants en âge de la fréquenter.
Dans la hutte de paille qui fait office de salle de classe, les élèves sont assis sur des sacs à même le sol. Sans chaise ni bureau et avec un livre pour cinq. Cet exemple, extrait du rapport « Éducation pour tous au Niger » publié récemment par l’ONG britannique Oxfam International, illustre la faiblesse des moyens du système éducatif. Le manque d’infrastructures et de professeurs se fait cruellement sentir. Les taux de fréquentation ne sont guère plus rassurants. Avec moins de un enfant sur deux scolarisé dans l’enseignement primaire et à peine plus de un sur dix dans le secondaire, l’accès au savoir ressemble davantage à un luxe qu’à un droit. Conséquence : le taux d’analphabétisme avoisine les 80 %.
Totalement délaissé dans les années 1990, le secteur éducatif a été placé au centre des priorités du gouvernement de Mamadou Tandja. Avec un certain succès, puisque le taux de scolarisation à l’école primaire est passé de 34,1 % à 41,7 % durant les quatre dernières années.
Dans le secondaire, l’évolution est plus lente. « Nous partons de très bas », explique Chaïbou Mamane, secrétaire général adjoint du ministère des Enseignements secondaire et supérieur. Mais, peu à peu, la réforme du système éducatif porte ses fruits. De l’avis des autorités, le Niger devrait atteindre les objectifs du programme « 2015 : Éducation pour tous (EPT) » élaboré par la communauté internationale lors du Forum sur l’éducation organisé par l’UNESCO à Dakar en 2000. Principaux objectifs à atteindre : la scolarisation de tous les enfants en âge de suivre l’enseignement primaire et la réduction de moitié du taux d’analphabétisme au niveau national. L’administration nigérienne a prévu dans les dix ans à venir de créer près de 9 000 classes et de réhabiliter 7 500 salles qui tombent en ruine. Plus de 9 000 professeurs devraient également être recrutés. Les pouvoirs publics bénéficient de l’appui financier de la communauté internationale dans le cadre du programme EPT. Niamey devait d’ailleurs recevoir de différents pays 15 millions de dollars en 2003. Mais, pour le moment, l’aide des « généreux donateurs » tarde à arriver.
La Banque mondiale s’est également engagée à verser 30 millions de dollars sur les quatre années à venir, essentiellement sous forme de dons. De son côté, la Banque africaine de développement (BAD) a promis 13 millions de dollars d’ici à 2008.
L’égalité entre le niveau de scolarisation des garçons et celui des filles ne pourra être atteinte en 2005, date fixée par le Forum de Dakar. L’indice de parité des sexes n’est aujourd’hui que de 0,68 fille pour 1 garçon, l’un des plus bas de la planète. « Pour beaucoup de parents, la place de leur fille n’est pas à l’école, mais à la maison pour aider aux tâches domestiques », explique Youssouf Cissé, directeur Afrique de l’ONG Aide et Action présente dans les régions rurales de l’ouest du pays.
Au-delà du taux de scolarisation, la qualité de l’enseignement dispensé reste également un défi à relever pour les pouvoirs publics, qui devront s’impliquer plus fortement dans la formation des maîtres et l’encadrement des enseignants.
Enfin, les autorités devront poursuivre la mise en place des écoles dites « de la deuxième chance » pour alphabétiser les adultes et les nombreux élèves ayant quitté le système scolaire sans savoir ni lire ni écrire.

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