La Côte d’Ivoire obtient près de 900 millions de dollars du FMI pour faire face au coronavirus
Le conseil d’administration du FMI a approuvé le décaissement de 886,2 millions de dollars pour aider la Côte d’Ivoire à faire face aux besoins urgents de financement engendrés par la pandémie de Covid-19.
Alors que le FMI avait délivré, en décembre 2019, un satisfecit global à la Côte d’Ivoire, dont les perspectives économiques étaient favorables, avec une croissance attendue de 7,5 % pour 2020 et un renforcement de la discipline budgétaire, la pandémie de coronavirus a bouleversé la dynamique.
Son impact sera considérable, et les perspectives à court terme se détériorent rapidement, prévient l’institution qui estime cependant que « les autorités ivoiriennes ont riposté promptement à la pandémie en s’appuyant sur un plan médical d’urgence et un plan ambitieux de politiques économiques visant à apporter un soutien ciblé aux populations vulnérables et entreprises touchées par la pandémie ».
Des aides plus importantes que le plan initial
Dans le cadre de son plan de riposte, l’institution a approuvé, le 17 avril, un décaissement de 295,4 millions de dollars au titre de la Facilité rapide de crédit, c’est-à-dire sous forme de prêt à taux 0 remboursable en dix ans, et un décaissement de 590,8 millions de dollars au titre de l’instrument de financement rapide (IFR), un crédit qui doit être remboursé entre trois et cinq ans.
Au total, cette aide de 886,2 millions de dollars représente 100 % de la quote-part de la Côte d’Ivoire. La quote-part est un chiffre attribué par le FMI à chaque pays en fonction de sa position relative dans l’économie mondiale et qui permet de définir le montant de l’aide financière qu’un État membre peut obtenir de l’institution. Celle-ci prévoit que chaque pays membre puisse emprunter jusqu’à 200 % de sa quote-part annuellement et puisse avoir au maximum un encours de crédit de 600 % de sa quote-part auprès de l’institution. Mais, ces limites d’accès peuvent être relevées dans des circonstances exceptionnelles.
C’est le cas avec la crise actuelle, qui a fait revoir au FMI son mécanisme de financement rapide : alors qu’au début du mois d’avril, elle envisageait de permettre à ses membres de n’emprunter que 50 % de sa quote-part dans le cadre de ses deux procédures d’urgence, elle a fini par doubler cette limite de financement.
Un plan de riposte sanitaire et économique
Si la Côte d’Ivoire a formulé rapidement une réponse forte à la crise sanitaire, avec des mesures de distanciation sociale, de confinement et un plan médical d’urgence, ces mesures ont, comme ailleurs, eu un impact négatif sur l’économie. Auquel s’ajoute le ralentissement abrupt de l’activité économique enregistré chez les partenaires commerciaux de la Côte d’Ivoire et le choc négatif sur la confiance des investisseurs.
« Mais les autorités ont annoncé un plan de riposte économique ambitieux, représentant 1,5 % du PIB pour 2020, pour soutenir d’une part le revenu des populations les plus vulnérables, par le biais de mesures d’appui aux intrants agricoles et d’une couverture plus étendue des filets sociaux ; d’autre part de soutenir les secteurs et entreprises les plus touchés ; et enfin de pérenniser les chaînes d’approvisionnement en appuyant les entreprises publiques du secteur logistique », estime le FMI.
Résorber le déficit dès l’après-crise pour « pour préserver les acquis »
« Au regard de la sévérité de la pandémie, l’augmentation temporaire envisagée du déficit budgétaire est appropriée, même si cela signifie une déviation temporaire du critère de convergence de 3 % du PIB [dont la Côte d’Ivoire s’était rapproché en 2019 et qu’elle devait atteindre en 2020] », a déclaré le directeur général adjoint du FMI, Mitsuhiro Furusawa, qui présidait la réunion du conseil d’administration du 17 avril durant laquelle le plan d’aide a été voté.
Mitsuhiro Furusawa a insisté sur l’importance de la transparence dans l’attribution d’aides liées au Covid-19, et affirmé que lorsque la crise sera résorbée, « il sera important que le déficit budgétaire revienne à sa trajectoire précédant la crise, pour préserver à la fois les acquis réalisés dans le cadre du programme avec le FMI et la viabilité de la dette à moyen terme ».
Sous programme avec le FMI depuis 2016, la Côte d’Ivoire a vu en décembre 2019 ses accords triennaux avec l’institution prolongés d’un an. Ceux-ci, qui prévoyaient un accès total à 896,7 millions de dollars, soit 100 % de la quote-part de la Côte d’Ivoire, ont ainsi été portés à 1 163,6 millions de dollars, soit 129,8 % de la quote-part de Yamoussoukro. Une réponse aux « acquis considérables de développement que la Côte d’Ivoire a réalisés au cours de la dernière décennie », estime l’institution.
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