À la reconquête de l’or bleu

Confrontées à une baisse des ressources du fleuve Niger, les autorités relancent la construction du barrage de Kandadji et encouragent l’hydraulique villageoise.

Publié le 16 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

En trente ans, le volume d’eau du fleuve Niger – seule source hydrique pérenne du pays – a réduit de moitié. Long de 4 200 km, le Niger commence son parcours en Guinée et traverse le Mali avant d’arroser Niamey et ses environs. Arrivant en fin de course, l’État du Niger est plus exposé que ses voisins en cas de forte sécheresse. Celles de 1985 et de 1990 avaient presque asséché son lit au niveau de la capitale. Mais son tarissement n’est pas seulement dû aux aléas climatiques. Les diverses pollutions industrielles et humaines sont aussi en cause. En raison de l’ensablement – le désert avance de 100 000 ha par an, selon le ministère de l’Environnement – et de la prolifération des jacinthes d’eau, le débit du fleuve est passé de 67 m3 par seconde en 1970 à 22 m3 aujourd’hui ! Certains endroits sont même transformés en véritables mares, dont l’insalubrité est accentuée par les ordures et eaux usées déversées chaque jour dans le fleuve.
Comment alors abreuver une population de presque 12 millions d’habitants, qui croît à un rythme annuel de 3,6 %, et qui compte 80 % d’agriculteurs ? Le riz, une des céréales les plus cultivées, nécessite d’importantes ressources en eau. Depuis 1980, le gouvernement nigérien a injecté près de 230 millions d’euros dans l’hydraulique rurale pour équiper 17 000 points d’eau. Mais ce n’est pas suffisant.
L’ambitieux projet de barrage à Kandadji, à 187 km en amont de Niamey, défini dans les années 1970 par le général Seyni Kountché, a été remis à l’ordre du jour. Sa construction devrait débuter à l’horizon 2005. Non seulement, il permettrait de garantir le ravitaillement en eau de la population, notamment à Niamey, où l’approvisionnement pose problème durant la période sèche (mai-avril-juin), mais aussi d’assurer l’irrigation des terres cultivées. « On passerait de 13 000 ha de terres aujourd’hui irriguées à 122 000 ha », s’enthousiasme Doulla Harouna, le directeur des études et réalisations du Haut-Commissariat à l’aménagement de la vallée du Niger. Cet ouvrage hydraulique permettrait aussi de développer la pêche continentale et l’élevage.
Fin 2003, le président français Jacques Chirac a promis aux autorités 11 millions de dollars (8,6 millions d’euros) pour optimiser la gestion des ressources hydriques du pays. La Banque africaine de développement (BAD) a, quant à elle, accordé 5,18 millions de dollars pour des études hydrauliques et des opérations de nettoyage du lit du Niger. Cette initiative est assortie d’un prêt au Niger, au Burkina Faso et au Mali dans le cadre d’un important programme de désensablement du fleuve.
D’autres projets viennent compléter cette démarche. L’un d’eux, conduit notamment par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), vise à créer des points d’eau et à promouvoir leur bonne utilisation par les communautés. Concrètement, cela se traduit par l’aménagement de la mare d’Allimboulé, un petit village peuplé de communautés touarègues situé à 240 km à l’ouest de Niamey. Là-bas, les hommes ont planté des arbres pour limiter l’érosion.
À Zinder, la deuxième ville du pays (à l’est), des travaux pour la construction d’un centre de collecte de l’eau de la région viennent de débuter, et ce grâce au soutien financier de la Chine, qui participe à ce projet à hauteur de 16 millions de dollars. Ce centre, dont la mise en service est prévue pour fin 2005, sera alimenté par une douzaine de forages qui puiseront dans la nappe phréatique.
Dans le but d’améliorer la qualité de l’eau et d’accroître son taux de desserte, le gouvernement nigérien, poussé par la Banque mondiale, a par ailleurs privatisé la Société nationale des eaux en 2001. C’est du moins une mission dévolue à la nouvelle Société d’exploitation des eaux du Niger, contrôlée par Vivendi Water. Seulement 46 % des Nigériens ont, pour le moment, accès à l’eau potable, et 6 % d’entre eux disposent d’un robinet privé. Des progrès importants restent donc à accomplir, d’autant que la privatisation de la société nationale a fait grimper le prix de l’eau de 13 % en moyenne !

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