Rémy Rioux (AFD) : « Face au Covid-19, la réactivité des dirigeants africains est impressionnante »
Dans un entretien d’une grande densité, le directeur général de l’Agence française de développement analyse les ressorts de la crise à l’échelle du continent et fait le point sur les modalités de l’action de l’institution financière publique dans les années à venir.
Le 17 avril, l’Agence française de développement (AFD) a acté le financement de six premiers projets en réponse à la pandémie. Une trentaine sont actuellement à l’étude. Au total, elle prévoit de débloquer en urgence 1,2 milliard d’euros pour renforcer les systèmes sanitaires africains dans le cadre de son programme « Covid-19 – Santé en commun ».
Très bon connaisseur du continent, Rémy Rioux, reconduit l’an dernier à la tête de l’agence, bras armé de la France en matière d’aide au développement (14 milliards d’euros de budget en 2019), analyse pour Jeune Afrique les implications économiques d’une crise historique, qui met en évidence la fragilité des économies africaines – frappées également pour certaines par la chute des cours du pétrole – et nécessite une mobilisation générale.
Jeune Afrique : Une note récente du ministère français des Affaires étrangères a dressé un tableau apocalyptique des conséquences de la pandémie en Afrique. Plus globalement, le ministre Jean-Yves Le Drian a dit craindre que le monde d’après ne soit pire que celui d’avant. Partagez-vous cette inquiétude ?
Rémy Rioux : Nous sommes confrontés à un événement historique. Cette crise inédite et globale d’emblée nécessite la mobilisation rapide et puissante de tous les acteurs, y compris celle de l’AFD. Évidemment, tout le monde est très inquiet au moment où l’épicentre de la crise va, selon l’OMS, se déplacer vers l’Afrique.
Heureusement, sur ce continent, il y a des facteurs qui peuvent être source d’espoir, comme l’âge moyen de la population, qui est de 20 ans, et le fait qu’un certain nombre de pathologies qui sont des facteurs aggravants – maladies cardio-vasculaires, diabète, obésité – y sont moins fréquentes. J’y ajoute une connaissance des virus et une expérience des risques épidémiologiques plus grandes que celle que nous avons en Europe.
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