Indira Gandhi Premier ministre
En ce début de l’année 1966, l’Inde se retrouve à nouveau orpheline. Deux ans après la mort de Jawarharlal Nehru, le Premier ministre Lal Bahadur Shastri est terrassé par une crise cardiaque. Quelques heures seulement après avoir signé avec son homologue pakistanais un accord de paix mettant un terme à la seconde guerre du Cachemire. Pris au dépourvu, les élus du Parti du Congrès, à la tête du pays depuis l’indépendance, se réunissent en session extraordinaire au Parlement de New Delhi. Par 355 voix contre 169, ils décident de confier la direction du pays à une femme. Le 19 janvier 1966, Indira Gandhi prend ainsi les rênes du pouvoir.
Le destin d’Indira s’est forgé avec celui de l’Inde. Fille unique de Nehru, son enfance est bercée par la lutte pour l’indépendance. Elle n’a que 2 ans lorsque son père décide de rejoindre le combat pacifique du mahatma Gandhi. La maison familiale devient rapidement le siège du Congrès. Dès l’âge de 11 ans, elle crée la Brigade des singes, un groupe d’enfants chargés de surveiller la police et de distribuer des tracts indépendantistes. Après des études en Angleterre et en Suisse, elle rentre au pays et adhère au Parti du Congrès. Elle a 21 ans. C’est là que son chemin croise celui de Feroze Gandhi, qui, en dépit de son nom, n’a aucun lien de parenté avec le mahatma. De leur union naîtront deux fils, Rajiv et Sanjay.
Le 15 août 1947, l’Union Jack cesse de flotter sur l’empire du Raj. Nehru est nommé Premier ministre de l’Inde indépendante. Indira accompagne partout ce père devenu veuf dix ans auparavant. Elle apparaît à ses côtés lors des déplacements officiels et l’accompagne dans ses voyages à l’étranger. Tout en restant dans l’ombre – société patriarcale oblige -, elle acquiert peu à peu de nombreuses responsabilités. Lorsque Nehru disparaît en 1964, elle devient ministre de l’Information et des Communications du nouveau gouvernement.
Le 19 janvier 1966, c’est donc une femme politique avertie, proche de la cinquantaine, qui arrive à la tête du pays. À l’approche des élections législatives, les membres du Congrès décident de faire confiance à Indira pour les conduire à la victoire. La fille de Nehru, forte de son expérience et du symbole qu’elle représente, les remportera en effet sans difficulté l’année suivante. Dans le discours qu’elle prononce en hindi puis en anglais à l’issue de son élection, Mme Gandhi revendique l’héritage des deux pères de la nation. D’une voix assurée, elle indique son intention de marcher sur les traces de ses prédécesseurs. Après avoir prêté serment le 24 janvier, elle nomme immédiatement les membres de son gouvernement. Quand elle apparaît deux jours plus tard sur les écrans de télévision pour s’adresser à la nation, le peuple voit en elle la mère de la patrie. Mother India promet de poursuivre la politique étrangère de non-alignement lancée par son père. Elle se rendra dès l’année suivante en visite officielle aux États-Unis et en URSS. Elle s’engage également à assurer la paix avec les nations voisines. Une promesse qu’elle ne pourra tenir, puisque six ans plus tard une nouvelle guerre éclate entre les deux frères ennemis du sous-continent.
Incontestablement douée en politique, celle que l’on aurait pu surnommer « la Dame de fer » de l’Asie restera à la tête de son pays presque sans interruption pendant près de vingt ans. Malheureusement, le règne de cette femme de pouvoir sera terni par une dérive autoritaire qui la conduira à remettre en question certaines libertés fondamentales, causant des dommages irréparables à la plus grande démocratie du monde. Une dérive qui lui coûtera la vie. Le 31 octobre 1984, deux de ses gardes du corps sikhs l’assassinent de sang-froid pour venger leurs frères, massacrés sur ordre de Mme Gandhi.
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