Dramatique tournant du Hamas ?

Publié le 19 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

« Depuis l’âge de 13 ans, j’ai voulu faire de mon corps un obus mortel contre les sionistes et frapper aux portes du ciel avec des crânes de sionistes. »
Tel est l’étonnant message vidéo enregistré par Rim el-Reyachi, mère de famille de 22 ans, avant de se faire exploser au poste de contrôle d’Erez, au nord de la bande de Gaza, tuant deux soldats, un policier et un garde de sécurité israéliens. Elle laisse deux orphelins, Mohamed, 3 ans, et Doha, 2 ans. « Dieu m’a donné ces deux enfants, ajoutait-elle dans son message, et seul Dieu sait combien je les aimais. »
Sans qu’on pût savoir si son mari et ses proches étaient au courant de ses intentions, ceux-ci ont aussitôt commencé de déménager ce qu’ils pouvaient de l’immeuble de quatre étages où ils habitaient : selon l’inhumaine routine condamnée par toutes les organisations internationales des droits de l’homme, l’armée israélienne s’apprêtait à détruire leur maison.
Mais, au-delà de la tragédie qu’enveloppe l’événement, une autre question se pose, plus politique : cet attentat suicide marque-t-il un tournant dans le comportement des Palestiniens ?
Deux indices pourraient l’indiquer. D’abord le fait que cette attaque, officiellement revendiquée par le Hamas et justifiée par son chef spirituel Cheikh Ahmed Yassine, est la première menée par une femme au nom de cette organisation. Et l’attentat semble avoir été minutieusement organisé. Recrutée dans une mosquée, selon certaines rumeurs, Reyachi se présenta au poste de contrôle en disant avoir besoin d’un traitement médical. Puis, avant de passer devant le détecteur de métaux, elle ajouta qu’elle portait dans une de ses jambes, à la suite d’une fracture, une broche métallique. L’officier israélien appela alors une femme pour la fouiller au corps : c’est à ce moment qu’elle déclencha sa bombe.
Le deuxième indice, non moins significatif, touche aux réactions officielles palestiniennes. Contrairement à l’habitude, le Premier ministre Ahmed Qoreï ne condamna pas l’attentat, déclarant que les attaques israéliennes et les restrictions imposées aux Palestiniens ne pouvaient conduire qu’à « une escalade des deux côtés ».
Allant même plus loin, le ministre palestinien des Affaires étrangères Nabil Chaath assura que l’Autorité palestinienne était capable d’empêcher de tels attentats, mais qu’Israël devait d’abord cesser ses agressions contre les Palestiniens. En août dernier, ajouta-t-il, les Palestiniens ont décidé, unilatéralement, d’arrêter les attaques « terroristes », mais cette trêve échoua parce qu’Israël ne fit pas de même.

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