Ashcroft est-il fou ?

Publié le 19 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Le meurtrier d’Anna Lindh a révélé aux enquêteurs que Jésus lui avait parlé, lui ordonnant d’attaquer la ministre suédoise des Affaires étrangères.
La presse, unanime : « Voilà la preuve que ce type est fou. »
Pas si vite. L’Attorney General des États-Unis, c’est-à-dire le ministre de la Justice, s’appelle John Ashcroft. Membre de l’Église pentecôtiste, fils et petit-fils de pasteur, ce zigoto n’a jamais caché ses liens privilégiés avec Jésus, avec qui il bavarde tous les jours.
Ashcroft est-il fou ?
Flash-back. En janvier 1995, quelques heures avant de prêter serment en tant que sénateur du Missouri, John Ashcroft réunit sa famille et quelques amis dans une maison voisine du Capitole pour prier. Au cours de la séance, Ashcroft exprime le souhait de se faire oindre, « comme les rois d’Israël avant qu’ils n’entrent en fonctions » (sic).
Ashcroft, roi d’Israël ?

Mais ces drôles de druides manquent d’huile sacrée. « Allons voir si on trouve quelque chose à la cuisine », dit quelqu’un. John est dubitatif, mais son père le rassure. Dieu est partout, n’est-il pas aussi dans la modeste arachide ou dans l’humble olive ? On va donc quérir une fiole d’huile ménagère. Ashcroft s’agenouille, et les convives lui bassinent la tête et les épaules. Le sénateur dégoulinant est maintenant l’oint du Seigneur et tout près de Jésus, qui n’en demandait pas tant.
Cela me rappelle la blague suivante. Le nouveau directeur de l’asile rencontre un de ses administrés qui lui affirme être Napoléon. Le directeur est sceptique.
– Qui vous a dit que vous étiez Napoléon ?
– Dieu, bien sûr.
À ce moment-là, un autre fada arrive en courant.
– C’est pas vrai ! C’est pas vrai ! Je ne lui ai rien dit ! Il est fou !
Mais, me direz-vous, la différence entre John Ashcroft et l’assassin de Stockholm est que le premier nommé n’a tué personne. Voire. La solidarité gouvernementale, qui n’est pas un vain concept, signifie qu’il est responsable de chaque mort « collatéral » irakien ou afghan.

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Pour finir, il faut noter que les Pentecôtistes insistent sur la présence réelle de l’Esprit saint dans leurs réunions. Elle se manifeste par leur capacité à « parler en langues », c’est-à-dire à entrer en transe et tenir des propos incompréhensibles, du genre gua-gue-gui-gou-fa-fa-fa-bleurp-tchouck-tchouck-bip-bip.
Ashcroft est-il fou ?

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