Ségolène Royal, ou une histoire de Française

Publié le 20 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

À propos de Mme Ségolène Royal, je pense au titre du livre d’un très respectueux biographe de François Mitterrand, Jean Lacouture : Mitterrand. Une histoire de Français. Un jour, on dira d’elle aussi « l’histoire d’une Française ». Depuis sa très inamicale OPA sur le Parti socialiste français, elle ne cesse de faire mentir, voire de ridiculiser tous ceux qui croient tout savoir sur elle. Y compris les raisons de son ascension et, par voie de conséquence, de son éventuel effondrement. La presse française, qui n’est en rien une presse rudimentaire, est, dans son ensemble, aux abois face à cette bête politique.
En effet, bien qu’énarque, Ségolène Royal ne fait pas de politique « intellectuelle », à la manière de Mitterrand. Et semble même n’être pas très au fait de l’économie. Certes, elle ne maîtrise certainement pas aussi bien les dossiers que Martine Aubry, par exemple. Mais elle comprend les Français comme personne et, surtout, elle a compris ce que l’austère Jospin a toujours ignoré. À savoir que la politique moderne n’est rien d’autre que la perception. Pourtant, jusqu’à une période assez récente, il n’y avait vraiment pas de problème majeur en termes de visibilité concernant les futurs héritiers de François Mitterrand. En lisant presque tout sur l’homme et son parti, surtout après avoir lu l’excellent livre de Franz-Olivier Giesbert, Le Président (paru dans les années 1990), j’aurais parié sur tout le monde sauf sur l’actuelle candidate du PS français. Son compagnon dit d’elle qu’elle est « têtue et n’a peur de rien ». C’est là tout ce que je savais sur elle, et c’est bien peu comme élément permettant de se faire une idée sur son envergure politique.
Mais après avoir lu l’article que lui a consacré François Soudan dans Jeune Afrique n° 2393, voici ma conclusion : outre qu’elle est très belle – avec les jambes de l’actuelle secrétaire d’état américaine et la taille de Sharon Stone -, elle doit être têtue, battante, intelligente, bornée et imbue de sa personne. Croyez-moi, c’est vraiment le minimum pour qu’elle devienne présidente au pays de Napoléon Ier ! Pour la presse hexagonale, le Proche-Orient est un dossier maudit, et la candidate socialiste n’a pas les coudées franches pour s’en emparer. Autrement dit, y commencer sa tournée initiatique internationale est une grossière erreur. Et la droite française de tirer à boulets rouges sur elle, et de qualifier sa tardive réaction aux propos du député libanais du parti Hezbollah – qui a comparé Israël à un État nazi – comme une faute lourde.
Mais sait-on le pourcentage réel de Français qui pensent dans ce sens, eu égard à ce qu’a été l’attitude de l’État hébreu au cours de ces dernières années vis-à-vis de la population palestinienne, et surtout à son mépris pour la communauté internationale ? Voilà le type de question que ces maîtres-menteurs que sont les sondeurs ne posent jamais. Cette semaine encore, on parle de lapsus et on oblige le Premier ministre israélien à apporter un rectificatif après son propos. Ehoud Olmert ne savait vraiment pas ce qu’il disait ? Décidément, il n’y a que cette presse, contrôlée en partie par cette arrogante droite française, qui n’a rien compris au phénomène Royal.

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