Saadi Kadhafi fait son marché

Grande kermesse des marchands d’armes internationaux à Tripoli. À l’étalage : chars, radars, hélicoptères et avions de combat.

Publié le 19 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

« Lavex » ? Non, ce n’est pas le nom d’une lessive, mais celui d’un salon aéronautique, la Libyan Aviation Exhibition. L’édition 2006 s’est tenue du 4 au 6 décembre à Tripoli. Pour la première fois, la plupart des grands fabricants d’armements étaient présents, de Thales à EADS, en passant par Dassault, Safran ou Agusta. Le public libyen a même eu droit au premier show aérien du Rafale, un avion de combat français en quête d’acheteurs étrangers.
La manifestation était censée permettre à la Libye, après la levée définitive des sanctions en 2005, de remettre à neuf ou de remplacer les armements achetés dans les années 1970 et 1980. Grâce au pétrole, qui lui assure 97 % de ses recettes en devises, la Libye dispose d’un confortable matelas de plus de 50 milliards de dollars. De quoi susciter bien des convoitises
C’est le colonel Saadi Kadhafi, 33 ans, l’un des fils du « Guide », qui menait les enchères. Surnommé « le hooligan » à l’époque où il avait entrepris une improbable carrière de footballeur professionnel en Italie, celui-ci n’était pas né à l’époque où son père acheta ses premiers Mirage III et V au président français Georges Pompidou (114 appareils, au total). Et il était encore en culottes courtes lors de l’acquisition de 50 mirage F1 dernier cri de chez Dassault. C’était en mars 1976, lors d’une visite à Tripoli de Jacques Chirac, alors Premier ministre « Kadhafi a l’étoffe d’un véritable chef d’État », avait commenté le futur président français, jamais avare de mots qui font plaisir et ne coûtent pas cher.
Les relations entre les deux pays s’étant néanmoins vite dégradées (crises centrafricaines et tchadiennes), Tripoli ne réglera jamais le solde de la facture (l’équivalent de 76 millions d’euros), et Paris suspendra la livraison des pièces de rechange et d’une partie de la commande. Faute de maintenance, la plupart des appareils sont aujourd’hui cloués au sol.
Le Lavex 2006 tombe donc à point nommé. Sofema, un consortium regroupant plusieurs constructeurs français, a conclu à Tripoli un contrat d’une centaine de millions d’euros pour la remise en état de 12 Mirage, sur les 152 livrés. Et ce n’est apparemment qu’un début. La France, qui n’est que le sixième fournisseur de la Libye, rêve d’être le principal maître d’uvre de la modernisation de l’armée libyenne. Ce qui lui permettrait de réduire son déficit commercial avec ce pays (1,3 milliard d’euros en 2005).

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