Qui sont les Américains ?

Démographie, composition ethnique, croyances, mode de vie les États-Unis offrent l’image d’un pays aux multiples visages.

Publié le 19 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

C’est le 17 octobre 2006, à 7 h 46 du matin, que la population américaine a atteint officiellement le seuil des 300 millions d’habitants. Si le Bureau du recensement s’est fendu d’une telle précision, c’est plus en raison de sa portée symbolique que pour sa validité scientifique. Les États-Unis, quoi qu’il en soit, peuvent se flatter de leur vitalité démographique (voir J.A. n° 2389). Certes, l’immigration compte pour un tiers dans la croissance annuelle de la population (0,9 %). Mais, avec un taux de natalité supérieur à 14 pour 1 000 et un indice de fécondité de 2,1 enfants par femme (contre moins de 1,5 pour la plupart des autres nations du monde développé), l’Amérique peut envisager avec moins d’appréhension le phénomène du vieillissement, qui sera l’une des grandes affaires des décennies à venir, en particulier en Europe, mais aussi dans de nombreux pays du Sud ou émergents, à commencer par la Chine.
À l’occasion de la naissance du trois cents millionième Américain, le magazine Time a publié un ensemble de données chiffrées offrant de multiples éclairages sur la société américaine, sa composition, ses croyances, son mode de vie.
Se dégage de cette avalanche de chiffres l’image d’un pays aux multiples visages aussi bien géographiques qu’humains et socio-économiques. Pour commencer, la répartition des hommes sur ce vaste territoire de 9 640 000 km2 offre des contrastes saisissants ; 80 % des habitants vivent dans les zones urbaines, ce qui laisse d’immenses espaces pratiquement vides de tout peuplement. Alors que la densité de l’État du New Jersey est de 709 habitants au km2, celle de l’Alaska est de 0,625.
Les États-Unis sont plus que jamais la première terre d’immigration au monde. Près de 8 millions de personnes s’y sont installées, légalement ou non, entre 2001 et 2005. À cette date, on comptait officiellement 36 millions d’habitants nés à l’étranger, soit 12,4 % de la population totale, auxquels s’ajoutaient plus de 10 millions de clandestins. Plus de 50 % de l’ensemble de ces personnes étaient originaires d’Amérique latine.
Pour ce qui est de la composition ethnique actuelle, Time donne les chiffres suivants : 239,9 millions de Blancs ; 44,2 millions d’Hispaniques (de toute « race ») ; 38,3 millions de Noirs ; 13,1 millions d’Asiatiques ; 2,9 millions d’Amérindiens ; 0,52 million d’« indigènes » d’Hawaii et des îles du Pacifique ; 4,7 millions d’individus de deux « races » ou plus. Avec un indice de fécondité de 2,82 et compte tenu de l’immigration, les Hispaniques contribuent pour moitié à la croissance démographique totale. En 2050, ils représenteront 24 % de la population américaine. Les « Blancs non hispaniques » n’en constitueront plus que 50 %.
Les Américains sont un peuple massivement religieux. Seuls 5 % se déclarent athées. Plus de 85 % se rattachent d’une façon ou d’une autre au christianisme. Mais celui-ci est éclaté en d’innombrables branches qui divergent sur les questions essentielles : quel rôle Dieu joue-t-il dans le monde ? Qu’attend-il de nous ? Que signifie exactement la Bible ?
Une bonne partie des chrétiens se situent dans le courant évangélique, un terme général qui recouvre des douzaines de dénominations. Ce qui unit les uns et les autres, c’est une lecture littérale et parfois fondamentaliste de la Bible, la croyance que le salut est fondé sur une relation personnelle avec Jésus et le désir de partager sa foi avec les autres. Les protestants évangéliques sont particulièrement nombreux dans le quart sud-est du pays, alors que les autres protestants dominent dans le quart nord-est. Quant au catholicisme, c’est dans le Nord-Est ainsi que dans le Sud-Ouest, le long de la frontière avec le Mexique, qu’il a le plus grand nombre de fidèles.
Autre particularité des Américains, ils travaillent beaucoup, du moins plus que les Européens. La loi ne fixe aucun congé payé, mais les salariés prennent en moyenne 3,9 semaines de vacances par an, contre 6,6 au Royaume-Uni, 7 en France, 7,8 en Allemagne et 7,9 en Italie. Le nombre moyen de semaines travaillées est de 46,2, alors que dans les pays européens cités il est autour de 41.
Pour ce qui est des revenus, on ne s’étonnera pas de relever de très grandes inégalités. Plus de 132 millions d’Américains ont rempli une déclaration d’impôt en 2004 ; 50 % ont fait état de moins de 30 000 dollars de revenus annuels, 90 % de moins de 100 000 dollars, 99,5 % de moins de 500 000 dollars. Parmi les 0,5 % restants, on dénombre 582 213 personnes dont le revenu se situe entre 500 000 et 2 millions de dollars, 65 548 qui gagnent entre 2 et 5 millions de dollars, 15 835 entre 5 et 10 millions de dollars et, enfin, 9 677 heureux contribuables dont le revenu dépasse 10 millions de dollars.
Quelques exemples de salaires moyens par profession : 14 200 dollars pour une serveuse ; 16 260 dollars pour un caissier ; 26 590 dollars pour un boucher ; 34 280 dollars pour un chauffeur routier ; 44 040 dollars pour un enseignant du primaire ; 63 420 pour un programmateur ; 98 930 dollars pour un avocat.

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