Qui paie ses dettes
La privatisation de 35 % du capital de Tunisie Telecom a rapporté 2,3 milliards de dollars. Que faire de cette manne providentielle ?
En 2006, contrairement à l’habitude, la Banque centrale de Tunisie a brillé par son absence sur le marché international des capitaux. Rien, pas le moindre emprunt pour aider l’État à boucler son budget. Elle a même procédé au remboursement anticipé d’une partie de la dette extérieure ! Il est vrai que, depuis le mois de juillet, elle dispose de réserves de devises d’un montant sans précédent. La privatisation de 35 % du capital de l’opérateur national Tunisie Telecom (TT) lui a en effet rapporté quelque 2,3 milliards de dollars.
Que faire de cette manne providentielle qui représente quand même 7,5 % du produit intérieur brut (PIB) ? La conserver en totalité dans les caisses de l’État aurait inévitablement provoqué une surchauffe de l’économie, incité au gaspillage et eu des effets négatifs sur les grands agrégats monétaires. La solution préconisée par le Fonds monétaire international (FMI) consiste à « stériliser » tout ou partie de ces fonds. C’est ce qu’ont fait les pays producteurs d’hydrocarbures comme l’Algérie, dont les recettes en devises ont grimpé en flèche après la flambée des prix du baril, il y a deux ans.
Pour sa part, la Tunisie a choisi de consacrer les deux tiers (environ 1,5 milliard de dollars) des recettes de la privatisation de Tunisie Telecom au remboursement avant terme d’une partie de sa dette extérieure (bilatérale et multilatérale) et d’allouer le reste au financement de son programme d’infrastructures autoroutières. Cela signifie, par exemple, que la construction de nouveaux tronçons commencera plus tôt que prévu, notamment en ce qui concerne la liaison avec la Libye, au sud, et avec l’Algérie, au nord-ouest.
L’effet est aussi significatif sur le plan de la dette extérieure. À en croire le FMI, le pourcentage de celle-ci par rapport au PIB pourrait passer de 68 % en 2005 à 47,5 % en 2011. Celui de la dette publique totale (extérieure et domestique) devrait suivre le mouvement, passant de 59 % à 43 %. Bref, les paramètres de la dette tunisienne sont appelés à redevenir « normaux ».
Avant la privatisation de TT, les réserves de devises représentaient moins de trois mois d’importations. Déduction faite des remboursements de dette – environ 627 millions de dinars (365,5 millions d’euros) -, on en est actuellement à un peu plus de cinq mois. Le remboursement anticipé de 600 millions de dinars d’émissions obligataires est prévu pour la fin de l’année.
Tout cela va évidemment contribuer à améliorer l’image de la Tunisie sur les marchés financiers internationaux. Ses emprunts obligataires étant déjà fort bien notés par les agences de rating, les investisseurs institutionnels en redemandent, au point que la demande est régulièrement supérieure à l’offre de la BCT. Qu’est-ce que ça va être quand celle-ci reviendra sur le marché !
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