[Tribune] Les femmes, maillons forts contre le coronavirus en Afrique

Des actions de sensibilisation doivent être menées auprès des femmes africaines, véritables maillons forts de notre société et vecteurs potentiels de transmission du Covid-19.

A Nairobi, des femmes font la queue pour une distribution de nourriture pour ceux qui souffrent des mesures restrictives liées au coronavirus au Kenya. © Brian Inganga/AP/SIPA

A Nairobi, des femmes font la queue pour une distribution de nourriture pour ceux qui souffrent des mesures restrictives liées au coronavirus au Kenya. © Brian Inganga/AP/SIPA

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Publié le 27 avril 2020 Lecture : 3 minutes.

En Afrique, les systèmes de santé reposent en grande partie sur le travail gratuit et invisible des femmes. Ce sont elles qui prennent soin de nos malades, de nos personnes âgées, et de nos enfants atteints de diverses affections. Sans leur précieux travail, nos systèmes de santé ne tiendraient pas.

Leur apport inestimable, ainsi que les dangers auxquels elles sont exposées, ont été grandement mis en lumière dans les pays touchés par la terrible épidémie d’Ebola (dont la Guinée, de décembre 2013 à décembre 2015). Car, tout comme le personnel de santé, qui risque d’être confronté à un taux d’infection important, les femmes, de par leur rôle central dans nos sociétés, sont les plus menacées par le Covid-19.

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En effet, une grande part de l’économie repose sur leurs épaules. Ce sont elles qui nourrissent la nation, en assurant 60 % de l’agriculture vivrière. Ce sont elles qui alimentent nos marchés en produits maraîchers que nous consommons tous les jours.

Ce sont elles, encore, qui « font le marché », qui représentent la majorité des marchands et des clients. Elles sont les « vectrices » et les actrices du social, lequel caractérise si bien notre nation, nos traditions et notre culture. Elles sont, aussi, à l’origine de nos manifestations, qui reposent fortement sur leur organisation.

En Guinée, bien que l’état d’urgence sanitaire ait été décrété pour une durée de trente jours renouvelable le 26 mars, et qu’un couvre-feu soit entré en vigueur le 31 mars, le respect des mesures de prévention pose toujours problème. Alors que les cérémonies sont interdites, on continue de se rassembler pour les mariages, baptêmes et autres réunions de famille ; les très nombreux salons de coiffure restent ouverts, où ces dames continuent de se rendre gaiement…

 Afrique forte et prospère

Il est donc navrant qu’aucune action de sensibilisation spécifique ne soit menée auprès des femmes, véritables maillons forts de notre société et, désormais, vecteurs potentiels par excellence de transmission du Covid-19. La communication sur ce fléau doit absolument progresser et principalement auprès des femmes, car, dûment informées, ces dernières ont le pouvoir de contenir la propagation du virus.

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Même si un comité interministériel (qui compte deux femmes en son sein) a été établi dès la mi-mars afin de suivre la mise en place et la coordination des stratégies de l’exécutif pour lutter contre le coronavirus, les autorités sanitaires n’ont pas toujours le contrôle de la situation, et la population peine à faire confiance aux annonces et aux actions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

Des femmes attendent une distribution de nourriture de la Croix Rouge, à Lagos (Nigeria), le 25 avril 2020. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Des femmes attendent une distribution de nourriture de la Croix Rouge, à Lagos (Nigeria), le 25 avril 2020. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Le 7 avril, un plan de riposte pour atténuer les effets de la pandémie, d’un coût de 3 000 milliards de francs guinéens (290 millions d’euros), a été annoncé par le Premier ministre. Mais cette réponse nationale, qui comporte 30 mesures s’articulant autour de la santé, du social et du secteur privé, manque encore d’intégrer certains domaines majeurs pour les femmes. Par exemple, contrairement à l’hôtellerie et au tourisme, l’agriculture, fer de lance de notre économie et domaine d’activité à prépondérance féminine, ne bénéficie d’aucune disposition spéciale.

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Plus largement, partout sur le continent, les femmes devraient impérativement participer aux instances de décision. Leurs perspectives particulières devraient être prises en compte dans la conception, la planification et la gestion de cette crise sanitaire sans précédent. C’est à cette condition que nous érigerons une Afrique forte et prospère, et, par extension, un monde sain et heureux pour nous et pour nos enfants.

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